
Nice-Matin
L’affabulateur du Kremlin vient de nous prévenir : « nous sommes à un moment historique, le monde entre dans une décennie dangereuse »
Il sait de quoi il parle, lui qui par l’invasion de l’Ukraine propulse l’Europe et les E.U vers une guerre nucléaire.
Les chaos se multiplient, beaucoup de situations établies depuis des siècles sont remises en question, l’ONU n’est plus qu’un leurre inutile.. Le pouvoir de l’Occident se délite. Europe et Amérique du Nord croyaient être les seuls à posséder les clefs pour faire disparaître la pauvreté ; vaine prétention aujourd’hui sans fondements.Leur économie s’efface devant la force grandissante de l’Asie qui , elle, ne cesse de monter en puissance au point de devenir incontournable dans une multitude de domaines.
Pire encore, on découvre que la conquête de la démocratie n’est pas forcément un objectif essentiel de la majorité des habitants de ces pays (Chine, Russie etc…); pour eux, « le pain pour tous » est prioritaire sur la liberté, fantasme des Occidentaux .
Les pays vraiment démocratiques sont de plus en plus minoritaires sur notre planète. Le pouvoir dictatorial domine très largement en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique. L’Amérique du Sud est elle aussi gangrenée par les héritiers de Castro et de Chavez.
Et comme si cela ne suffisait pas, le populisme s’installe dans nos pays qui croyaient encore , il y a peu, qu’une telle déviance était impossible. Erreur d’autant plus fatale que l’on trouve systématiquement dans ces partis extrémistes, (désormais tout proches de conquérir le pouvoir), les alliés cachés du maître du Kremlin. Il les finance et eux en retour sèment le doute sur la responsabilité de l’autocrate voyou dans cette guerre qu’il a pourtant déclenchée.
La France aura-t-elle la force de résister à ces tempêtes qui vont bouleverser notre monde ?
On peut en douter pour au moins deux raisons :
La première tient à notre incohérence en matière Industrielle.
Au cours des années 60, nous avons pris le bon chemin sous l’influence de Georges Pompidou. Sa politique volontariste a permis peu à peu à notre pays d’effacer le retard qui avait été accumulé dans ce domaine. Mais une sorte de mode technocratique, pilotée par des théoriciens très éloignés du terrain nous a très vite conduits, sous prétexte de modernisme, à délaisser peu à peu la fabrication au détriment des services.
Cette stratégie trop systématique a vu sa nocivité renforcée par l’arrivée au pouvoir des gouvernements de gauche. La retraite à 60 ans et la semaine de 35 heures ont ainsi été des vecteurs efficaces pour accélérer le recours à la Chine productrice des produits dont nous avons très largement abandonnés la fabrication. En somme on a ouvert à folle allure la porte à notre concurrent le plus déterminé et le plus libre de contraintes.
Pour se convaincre du handicap généré par ce positionnement farfelu, il suffit d’établir la comparaison avec la politique développée dans le même temps par l’Allemagne en faveur de l’industrie. Cel pays domine aujourd’hui l’Europe, affiche un PIB largement au dessus du nôtre , une dette quasiment nulle et exporte à tout va.
L’Europe est désormais déséquilibrée et la France à la remorque de son ancien partenaire de référence. Lequel a choisi de donner toute sa force à son industrie , quitte à se mettre sous la dépendance énergétique de la Russie. Les oligarques et le KGB en rêvaient, Angela Merkel l’a fait.
Poutine a cru qu’il avait en main les armes décisives, c’est pourquoi il s’est cru tout permis, y compris d’ absorber l’Ukraine. Et c’est ainsi que le déséquilibre entre les deux mondes, celui des Occidentaux et celui des anciens communistes pilotés par la Chine, vient de connaitre son vrai retournement. Certes par nos sanctions nous gênons la Russie, mais par ses répliques celle-ci permet l’installation d’un nouveau partage du monde qui nous échappe .
La deuxième raison qui nous incite au scepticisme, c’est le refus constant des Français de privilégier le réalisme. Ou, dit autrement, nous ne semblons pas posséder la volonté de mettre en cause nos habitudes confortables.
Ces habitudes ne nous préparent pas aux affrontements économiques. Nous crions toujours à l’insuffisance des aides que nous recevons des pouvoirs publics et bien rarement nous faisons l’effort de comparer avec nos voisins. Le concept même de bataille économique nous paraît étrange et déplacé. Pour une grande partie des Français le progrès social doit être constant quelle que soit la force des concurrents de notre économie. Bénis des dieux à bien des égards, nous sommes trop attentifs aux discours démagogiques de certains syndicats et des partis politiques extrémistes.
Cette négation de la concurrence qui nous attend, dès maintenant et dans tous les domaines , réjouit sans aucun doute Poutine, l’oiseau de mauvaise augure qui vient de nous promettre dix ans de malheur.
Nous avons souri dans un premier temps, beaucoup moins maintenant. Nous avons enfin compris que si au 19éme siècle le moine Raspoutine se plaisait à affirmer que « la force c’est la vérité », aujourd’hui le nouveau tsar n’a qu’une référence, nouvelle et terrible, « La force c’est le mensonge ».