
France 3
Ce jeudi le conflit sur la réforme des retraites a atteint son paroxysme. Tout était bon pour faire monter la pression. Le blocage de part et d’autre semblait total ; personne ne voulait céder.. Les extrémistes et casseurs d’une extrême violence ont commencé à installer leur loi.
L’opinion publique, dans sa grande majorité, semble pour l’instant avoir choisi son camp ; l’image du Président n’ en finit pas de se dégrader. Qui peut en effet aujourd’hui contester que l’occupant de l’Elysée a largement perdu le contact avec ses concitoyens.
Pour notre part, dès les premières années du « règne », nous avions remarqué et décrit la grande difficulté d’Emmanuel Macron d’être compris des Français : excellent intellectuel il était un cancre en matière d’empathie.
Mais entre incompréhension et arrogance, il y a un pas, peut être trop vite franchi. Est-ce une raison acceptable pour prétendre que nous vivons sous le joug d’un véritable dictateur, ? un Caligula des temps modernes ? comme Matilde Panot, disciple ridicule de Mélenchon, se croit permis de le déclarer lors de la présentation de sa motion de défiance.
Depuis des semaines les invectives alimentent la presse professionnelle et les réseaux sociaux. Depuis des semaines les mots d’oiseau fusent, mais nous allons rarement au fond du sujet.
C’est vrai que notre Président a un talent exceptionnel pour irriter une bonne partie des Français. Son intelligence manifeste et son aisance technique dans la présentation des dossiers ne provoquent pas l’adhésion mais trop souvent le rejet.
Ce dialogue hasardeux et difficile donne-t-il le droit à ses opposants d’extrême droite et d’extrême gauche de le traiter systématiquement
d’arrogant. Au fond n’est-ce pas souvent, pour eux qu’une façon de camoufler leur incompétence?
Certains Français de leur côté ne méritent-il pas, parfois, de se faire donner des leçons, voire des cours d’économie ou de droit ?
Tout particulièrement les plus jeunes qui (tout le monde le préssent sans grand risque de se tromper) , en matière de droit public et plus précisément de démocratie, gobent comme des affamés les critiques les plus enflammées sur l’utilisation de l’article 49-3.
Dans ce cas, ils ont tort d’oublier ( ou de ne pas savoir) que ce texte constitutionnel a été adopté en 1958 pour éviter que ne se réinstalle la maladie mortelle de la IV République : la chasse aux gouvernements en place par des unions très temporaires entre partis que tout opposait. C’est précisément cette alliance entre la carpe et le lapin que voulaient, la semaine dernière, reconstituer LFI et le RN. Si la motion de censure avait été adoptée c’était le retour aux cirques et magouilles parlementaires qui dans les années d’après-guerre ont entrainé la dégringolade de notre pays. C’est précisément cela, que depuis 1958 ont voulu éviter les rédacteurs de la Constitution, mais aussi les gouvernements qu’ils soient de Gauche ou de Droite.
De la même façon, les mêmes politiciens et les mêmes Français ne vont-ils pas trop loin lorsqu’ils présentent comme une merveille démocratique, surpassant tous les autres types connus, la démocratie sociale ? Celle-ci étant inspirée et structurée par les syndicats.
Mais qu’est-ce que c’est, cette démocratie dont les représentants ne sont pas élus mais simplement désignés et maintenus à leurs postes par les seuls syndicats et non par l’ensemble du peuple?
N’est-ce pas au fond, et paradoxalement, la porte ouverte au saccage de nos libertés ?
N’est-ce pas aussi la raison profonde de l’opposition catastrophique qui s’est installée depuis des mois entre Emmanuel Macron et Laurent Berger. Le second veut obtenir qu’aucun barrage ne s’oppose aux compétence des syndicats, alors que le premier veut réduire leur champ de compétence à l’entreprise. Tous les deux sont allés trop loin dans l’intransigeance.
Reste une dernière explication à cet incendie qui prend de plus en plus d’ampleur.
Cette explication nous ne pouvons l’aborder que mezza-voce car il y a des choses qui ne se disent pas à haute voix dans notre pays.
Ce secret de polichinelle c’est le changement en profondeur de la culture dominante de notre pays.
Depuis des siècles, la valeur travail était dominante en France. Aujourd’hui, et en quelques années, elle a été fortement rétrogradée. Seuls désormais 24% des Français la situent à la première place. Nous ne voulons plus travailler, nous voulons vivre. Nous continuons même, sur le sujet, à vouloir donner des leçons au monde entier. Qu’il nous suive pensons nous, au lieu de se moquer. Ailleurs en Europe la retraite est en moyenne à 67 ans. Quelle erreur que cette Europe marchande ne nous suive pas avec notre CGT, notre protectrice blagueuse qui veut nous faire obtenir la retraite à 60 ans.
Nous rêvons, nous exigeons, nous sombrerons, nous pleurerons demain si les populistes l’emportent.
Ils nous aurons fait oublier les bienfaits du travail juste au moment où notre pays devra bientôt affronter la pire guerre économique et que notre dette est abyssale..
Cette contradiction ne gênera en aucune façon Jean-Luc Mélenchon notre très brillant démagogue. Lui qui, par exemple, se pâme d’admiration devant la politique conduite par les dictateurs vénézuéliens ; lesquels ont réussi à entrainer dans la misère leur peuple qui pourtant dort sur un immense lit de pétrole.
Nous en sommes là et nous n’avons peut-être pas tout vu.
La France est fracturée, la haine se répand, le sang par petites gouttes, presque par surprise, commence à tacher les rues de nos villes. Notre monde peut s’effondrer comme les falaises d’Etretat ou de Fécamp.
Pierre Mauroy le Premier ministre de Mitterand l’avait dit dès août 1981 « nous allons dans le mur en klaxonnant ». Lui, le modeste du Nord, a fait beaucoup pour éviter ce désastre, peine perdue. Le Président de l’époque avait décidé dès 1982 qu’une de ses promesses électorales les plus folles serait respectée : il a fait passer l’âge de départ en retraite de 65 à 60 ans.
L’Histoire nous dira un jour qui avait raison : Mitterand l’homme politique le plus tortueux que la France ait connu ou Macron, le technocrate sans empathie et savoir-faire, qui ne sait pas parler à l’oreille des Français. .