Le loubard

Le Temps.ch

Les images nous apprennent parfois beaucoup plus que les longs discours. Celui prononcé ce dernier vendredi au Kremlin était une addition d’insupportables mensonges et de haines incommensurables, sans justification, à l’égard de l’Occident.

Ces paroles folles auraient déclenché le fou rire du monde entier si elles  n’avaient pas été prononcées par cet homme aux abois dont dépend à court terme le sort de l’humanité. Ce petit bonhomme, qui parle au nom d’un peuple qu’il a asservi depuis de longues années, et qui, lorsqu’il traverse les immenses salles du Kremlin, fait inévitablement penser à ces loubards prétentieux qui roulent des épaules en parcourant les quartiers qu’ils contrôlent.

L’agressivité de l’orateur était d’autant plus saisissante qu’en face de lui, son auditoire avait toutes les caractéristiques de ces tristes réunions où, dans « l’Ouest décadant » les notables se réunissent pour saluer la dépouille de l’un des leurs.

Alors que Poutine veut faire croire aux Russes que la victoire est proche, les cadres du système commencent à réaliser que la cause est peut être perdue. La Russie se rapproche du chemin de la défaite. Le même d’une certaine façon que celui qu’a dû emprunté l’URSS il y a 30 ans

Quelles sont les raisons qui peuvent expliquer cette atmosphère de défaite qui imprègne de plus en plus fortement la bataille du Dombass? 

Elles sont très nombreuses mais on peut au moins en distinguer deux :

                        La première tient aux qualités incontestables des Ukrainiens. D’abord Ils ont su faire le bon choix ( le rapprochement clair et net vers l’Europe). Ce qui leur permet aujourd’hui d’avoir l’ aide indispensable pour pouvoir résister à ce qui apparaissait il y a 7 mois, au début de « l’opération spéciale », comme un rouleau compresseur irrésistible Sans oublier bien évidemment la volonté d’union de tout ce peuple et son courage qui fait l’admiration de tous.

                      La deuxième raison qui peut expliquer les difficultés de la Russie tient à Poutine lui même.

Au delà de l’analyse psychiatrique, on ne peut que constater que le maître du Kremlin, contrairement aux espoirs qu’il avait pu faire naître à ses débuts,  ne s’est jamais vraiment émancipé de l’influence du régime soviétique.

Pour ce disciple du KGB il n’y a pas de rupture totale entre la Russie des tsars, celle de Staline ou celle d’aujourd’hui. Jamais la démocratie ne s’est installée à Saint-Pétersbourg ou à Moscou. Il est normal pour lui que son pays reste, aujourd’hui, attaché à son histoire. Lui, Poutine, n’a que faire de la démocratie, de la modernité et des transgressions acceptées par l’Occident. Ces renoncements entraineraient, pour lui, le vrai suicide de son peuple.

En plus de son égo démesuré, c’est ce qui explique sans doute qu’il ne puisse accepter une véritable émancipation de l’Ukraine, le pays frère, trop attentif  aux sirènes des Etats Unis et de l’Europe.

Plus que jamais une conclusion s’impose : Poutine n’est surtout pas Talleyrand, il est un véritable obstacle à une paix raisonnable.

Contrairement à  ce qui aurait pu se passer lors des  premières semaines de l’Opération spéciale, une négociation classique n’est plus possible. Surtout après les crimes de guerre qui jalonnent le parcours de l’armée russe, peut-être proche désormais d’une piteuse retraite.

On ose à peine l’écrire. Sauf à trouver normale la disparition de la quasi totalité de l’humanité du fait d’une guerre nucléaire, il n’y a en réalité aujourd’hui qu’une solution: la disparition complète et définitive de Vladimir Poutine.

Elle n’est possible que si les notables qui, vendredi encore courbaient l’échine devant leur maître, choisissent demain la révolution de palais et mettent sur le trône un nouveau tsar. A moins que le délirant et obsessionnel dictateur ne prenne lui-même les devants, de la même façon qu’Hitler l’a fait en 1945.