Un scrutin très particulier

La Dépêche

Au lendemain de ce premier tour, les grands partis d’opposition crient victoire.

Et pourtant, que ce soit la Nupes ou le Rassemblement National, aucun ne peut , en toute logique, prétendre  exercer le pouvoir.

   Même le chef de la Nupes devra abandonner son ambitieuse proclamation : il ne sera pas le futur Premier Ministre. 

Après le deuxième tour, il devra se contenter du rôle de premier opposant !

Il se consolera, toujours vaniteux, en rappelant que la totalité des commentateurs sont d’accord pour estimer qu’il a réalisé une performance remarquable qui doit  beaucoup à ses talents de tribun.

-En tous les cas, tout le monde s’accordera pour dire que Jean -Luc Mélenchon est le contre-exemple parfait du nouveau monde que voulait installer, en 2017, Emmanuel Macron.

 Mais en réalité, d’une certaine façon, c’est ce dernier qui a permis au patron de LFI d’être le véritable leader de l’ensemble de la Gauche.

Un exemple guère contestable de cette collaboration paradoxale  existe. On le trouve dans la stratégie choisie par Emmanuel Macron lors de ces dernières  législatives.

Cette stratégie a consisté à prendre à contre-pied une des caractéristiques essentielles de Mélenchon : sa passion pour les discours tonitruants. Ainsi, puisque il parle sans cesse et plus qu’abondamment pour promouvoir ses politiques agressives et parfois farfelues , une autre méthode s’impose : celle du silence.

Le silence ! on n’avait jamais vu cela pour ce type d’élection.

Mais pourquoi pas, puisque cette façon de faire est très proche de celle adoptée pour l’élection présidentielle et qu’elle a largement fonctionné : quelques jours de campagne avaient suffit pour l’emporter, et même assez largement !

Mais là, pour ce premier tour des législatives, c’est une erreur.           

Cette tactique a été assimilée par les Français à une forme d’oubli, voire de dédain et de dérobade face à la situation économique, à la montée de l’inflation, à l’urgence de la nomination d’un Premier Ministre, à la résistance aux attaques et projets farfelus des adversaires. etc, etc…

Cette manière de procéder,  a été d’autant plus néfaste qu’elle a été renforcée par une autre insuffisance.

Celle de l’inexistence d’un vrai parti, à la disposition du pouvoir en place. Depuis 5 ans LREM a été  transparent, sans efficacité réelle,  quasiment un fantôme.

Macron voulait sans doute la disparition des partis traditionnels.

Mission accomplie pour le PS et les LR ; mais échec complet pour LFI et le Rassemblement National .

Ceux-là sont même renforcés, et peuvent croire aujourd’hui que le pouvoir est à leur portée.

Désormais il y a urgence. Dans 5 jours il faut avoir réglé le problème.

Cela sera tout, sauf facile !

Comment gagner une bataille, fut-elle électorale, alors que le général est trop souvent absent, que ses troupes ne sont pas des vrais professionnels et que les sympathisants ne savent pas à qui s’adresser ? 

Comment gagner une bataille, alors que l’adversaire succombe à l’ivresse d’une idéologie au détriment des réalités de l’économie ? 

La réponse c’est pour dimanche, peut-être. Rien n’est certain pour ce scrutin si particulier. Quasiment du jamais vu.

Ceci d’autant plus qu’il y a gros à parier que si la Nupes ne l’emporte pas dans les urnes, elle fera très vite appel à la rue.

Au nom de la démocratie, bien évidemment !