Les trois problèmes

France 24

La nomination d’Elizabeth Borne et la constitution du gouvernement ? 

Les sportifs diraient que ce n’est qu’un échauffement, nécessaire, avant le vrai match.

La première mi-temps est très proche, c’est celle des législatives. La deuxième mi-temps sera décisive ; ce sera celle de la confrontation brutale avec les gros problèmes qui peu à peu s’accumulent  : pouvoir d’achat, croissance, gestion du séisme ukrainien, protection de la planète etc, etc … sans oublier le monstre des profondeurs : la réforme des retraites .

Avant le match, le Président joue la prudence en partageant assez équitablement les postes entre anciens et nouveaux.. 

Une vraie parité hommes-femme est en place.

La droite reçoit les postes régaliens et en contre-partie les sympathisants de gauche occupent les ministères les plus sociaux.

Le calme semblait assuré avant la bataille.

Et pourtant !

Deux problèmes, assez imprévus, ont vu le jour et une décision jupitérienne n’a pas fini de susciter commentaires et polémiques. 

Les deux problèmes s’appellent Damien Abad  et Pap Ndiaye

Le premier casse-tête, le plus spectaculaire, c’est celui généré par la nomination de Damien Abad à la tête du ministère des solidarités.

En théorie tout était clair. L’adéquation entre le profil physique du ministre et sa mission de soutien des handicapés relève de l’évidence. Il n’y avait qu’à le voir ce lundi matin, gravir avec d’énormes difficultés les escaliers de l’Elysée. 

Son handicap physique, tellement évident, lui valait sans contestation possible, habilitation à exercer sa mission. En quelque sorte on pouvait toujours le plaindre, mais jamais le vouer aux gémonies. 

Erreur ! Depuis sa nomination, l’orage gronde.

Peu à peu, de victime de la nature il devient, par la grâce de Médiapart et peut-être ( qui sait ) de ses anciens amis politiques, le criminel, dénoncé pour le viol de deux femmes. 

 entre la présomption d’innocence

Cette confusion ne pourra durer. Il faut que la Justice tranche.

Sinon le pouvoir devra, et vite, choisir entre la présomption d’innocence et ses intérêts électoraux. 

Pour régler le deuxième problème, celui généré par la promotion spectaculaire de Pap Ndiaye, faudra-t-il aller encore plus vite ?

Au contraire pour régler ce deuxième débat, la vitesse est inadaptée.

 Il faudra du temps.

En effet seuls les mois et les années pourront mettre un terme à la grave  polémique suscitée par la nomination de Pap Ndiaye à la tête du Ministère de l’Education Nationale.

 Ses qualités intellectuelles de haut niveau semblent idéales pour remplir la mission qui vient de lui être confiée. Sauf que certaines de ses recherches universitaires et quelque unes de ses déclarations publiques génèrent des polémiques virulentes. 

Celles-ci se transforment, pour une partie des Français, en rejet, en détestation, voire en haine pure et simple. Celle-la même qui a permis à Eric Zémmour de s’envoler dans les sondages en début ce campagne et à Marine Le Pen d’être présente au second tour.

 En effet, cet homme de grande culture française est exclusivement perçu par ses adversaires comme l’indigéniste revanchard. 

La sympathie de la majorité des enseignants sera pour lui un soutien puissant.

 Mais cela ne suffira pas pour éteindre le feu qui ne demande qu’à se propager, il lui faudra des résultats très concrets, très éloignés de ses réflexions aussi théoriques qu’approfondies.

 Le temps est venu pour lui de prendre ses responsabilités dans le long terme et de mettre les mains dans le cambouis. Un proche de Jean-Michel Blanquer pourrait, selon certaines indiscrétions, être nommé à la tête de son cabinet. Cela pourrait l’aider dans son atterrissage sur le terrain si sensible de ce grand ministère..

 La dernière décision qui fait du bruit, c’est celle du maintien d’Eric Dupont-Moretti au poste de Garde des Sceaux.

Avec cette nomination c’est un problème d’une toute autre envergure qui est mis sur la place publique. Le ministre est en effet soupçonné par les juges d’avoir profité de sa fonction pour régler ses comptes avec les magistrats avec lesquels il s’était opposé quand il était simple avocat.

La Cour de Justice de la République devrait trancher dans les tous prochains mois. Sa décision fera du bruit car en l’état actuel du dossier le monde judiciaire ( ses plus hauts responsables ainsi que le syndicat le plus contestataire) donne surtout l’impression de défendre, avant toute chose, leurs intérêts corporatifs.

 Si c’est le cas, on serait alors en présence d’une démarche pouvant être assimilée à une mise en cause de l’équilibre des pouvoirs.

 Il y avait donc urgence. L’exécutif ne pouvait que maintenir en place Eric Dupont-Moretti. Dans le cas contraire, il aurait, ce faisant, donné l’impression  que la gestion du Ministère de la Justice ne lui appartenait plus. Qu’il était l’affaire des seuls magistrats.

En matière de démocratie, on a vu meilleur exemple.