
L’élection présidentielle du mois dernier n’a pas tout réglé. Au contraire, on a l’impression que ce scrutin a, en quelque sorte, accentué les clivages existant déjà dans notre pays. Et ceci d’autant plus que les grands partis traditionnels sont devenus de pauvres fantômes.
Désormais les belligérants sont au nombre de trois :
– les Macronistes.
– le Rassemblement national
– la Nouvelle Union Populaire Ecologiste et Sociale
La première armée soutient le Président. Elle veut apparaître, auprès de l’électorat, comme la force qui met en avant la compétence dans l’art de gouverner. Au final celle qui, au final, choisit la réforme et rejette la révolution.
Les deux autres armées sont celles du bruit et de la fureur. Des armées portées par l’irréalisme et la démagogie. Pour elles la compétence et le sérieux ne sont pas forcément des instruments obligatoires pour atteindre le pouvoir.
C’est si vrai que l’une a placé à sa tête une héritière de droit paternel et l’autre un tribun de grande qualité certes mais qui, pour cette seule raison, se prend pour un véritable homme d’Etat.
Ces deux formations, pourtant aux deux extrémités de l’échiquier politique, ont en réalité une seule divergence, mais décisive :
-Le R.N déteste profondément l’immigration et tout particulièrement celle en provenance des pays où règne l’Islam.
-Alors que LFI ne se cache pas pour apparaître comme le protecteur de l’Islam en France.
Mais les points de convergence abondent :
– la domination totale du chef dans l’organisation, la vie et la stratégie de l’institution.
– le succès spectaculaire auprès des catégories de la population minoritaires en macronie. C’est le cas pour les ouvriers au RN ou les jeunes dans LFI.
– une politique économique et sociale irréaliste et démagogique. En particulier vis à vis de nos engagements européens;
– enfin et surtout une sympathie à peine discrète vis à vis des régimes dictatoriaux qu’ils soient russes ou héritiers de Castro ou Chavez.
Aujourd’hui une seule certitude sur l’issue de la bataille du mois de Juin : Marine Le Pen sera la grande perdante.
Le scrutin à deux tours ne lui permet pas de devenir majoritaire à l’Assemblée Nationale.
Cet obstacle n’existe pas vraiment pour Jean Luc Mélenchon qui, en politique retors, a su faire en temps opportun les alliances qui s’imposaient pour éviter des triangulaires lors du deuxième tour.
Qui l’emportera entre le bloc Macron et le bloc Mélenchon ?
Macron, si l’on s’en tient à la tradition qui a toujours vu le corps électoral donner, lors des élections législatives, la majorité aux candidats proches du président élu.
Mais cette année rien n’est écrit, compte tenu de la personnalité clivante d’Emmanuel Macron.
L’élément déterminant sera peut-être la Première Ministre, Elisabeth Borne, qui vient tardivement d’être désignée.
Il était vraiment temps, car les tergiversations du Président avaient permis à l’opposition de s’installer et d’occuper seule le devant de la scène.
On saura très vite, si l’occupante de Matignon, peut devenir un chef de guerre politique, reconnu et accepté par les Français. A s’en tenir aux réactions aussi inélégantes qu’excessives des vaincus du mois de mai, on peut en douter.
Nos donneurs de leçons devraient se méfier de leurs propres humeurs. Il est vrai qu’ils n’ont pas l’habitude de s’opposer à un responsable politique si bizarre : une femme, polytechnicienne, venue des gouvernements socialistes voire du centre, mais aussi et surtout, pupille de la Nation.
De quoi surprendre une héritière et un populiste. Eux qui pourtant s’échinent pour que s’installe la guerre entre les deux France. Un peu celle qu’annonçait, il y a presque vingt ans, l’économiste Jacques Marseille. La guerre entre la France qui avance et celle qui freine.