
Quinze minutes après la clôture du scrutin, Jean-Luc Mélenchon l’affirmait déjà : Emmanuel Macron est le Président le plus mal élu de notre République.
Il a même été plus loin en proclamant que, pour cette élection, il y aurait un troisième tour et que ce troisième tour aurait lieu lors des élections législatives du mois de juin.
En conséquence il demande au Peuple de l’élire, lui, Premier Ministre. Du jamais vu !
Quoique ! il avait déjà fait pire lorsque, il y a près de 4 ans, il s’était opposé à la perquisition parfaitement légale de son domicile en clamant, rouge de rage, que la République c’était lui ! Quelle arrogance !
Cette promulgation mélanchonesque n’a rien à voir avec notre Constitution. Elle s’apparente plutôt aux dérives de ces autocrates vénézuéliens ou russes qu’il nous cite parfois en exemple. Comme quoi on peut être un très remarquable orateur et ne pas être crédible lorsqu’on prétend gérer l’une des plus anciennes démocraties de ce monde.
Au final : aucune ambiguïté, ce sera toujours le Président de la République qui nommera son Premier Ministre.
Quelles sont les raisons qui peuvent expliquer le désamour qui existe entre Emmanuel Macron et une certaine partie de nos concitoyens ?
Les réponses sont diverses et nombreuses.
On ne les citera pas toutes.
La première n’est pas vraiment rationnelle. Elle relève plus de la psychologie. Nous sommes des déprimés chroniques..
En effet, certains Français réagissent comme s’ils avaient la conviction que l’actuel Président a, pendant son mandat, ignoré totalement les difficultés matérielles auxquelles ils sont confrontés. Ces difficultés se seraient multipliées et pourtant rien n’aurait été fait pour maintenir le niveau de vie des plus pauvres.
Ce constat assez subjectif est pourtant devenu une réalité indiscutable pour les adversaires politiques d’Emmanuel Macron.
Et ceci alors que les statistiques objectives de l’OCDE présentent la France comme le pays champion des dépenses sociales ou qu’elle est aussi la nation au plus faible taux de pauvreté en Europe.
Sans parler encore, pour compléter le tableau, de l’amélioration du taux de chômage et du « quoiqu’il en coûte » pratiqué à profusion pendant l’épidémie du Covid. etc, etc …
Quelle est la deuxième raison qui explique la quasi haine constatée souvent à l’égard du Président ?
Elle tient évidemment au procès en arrogance qui lui est fait.
Le mot est à la mode et correspond parfois à la réalité.
Au surplus Il est cohérent avec le « gouvernement vertical » qui lui est aussi reproché.
Macron décide d’en haut et ne consulte pas, ni la base ni les corps intermédiaires. Encore un peu et les populistes de gauche et de droite vont apprendre aux Français qu’ils vivent sous une dictature.
Et il faut bien admettre qu’Emmanuel Macron n’a pas su se libérer de cette image négative. Sa culture et sa compétence technique l’éloigne de ses administrés. Il leur donne l’impression détestable, d’être toujours celui qui sait envers et contre tous !
Et pourtant, il y a un paradoxe, qui nous échappe trop souvent. Cette même arrogance est aussi celle des Français, dans leur grande majorité.
Si nous prêtions attention au jugement de nos amis européens, nous serions contraints d’admettre que pour eux nous sommes souvent, nous les simples citoyens, d’insupportables arrogants.
Et cela parce que nous sommes persuadés que la France est le plus beau pays du monde et que nous les Français, nichés dans notre Hexagone « pays des Lumières », nous sommes, à l’évidence, des exemples pour tous les habitants de cette planète. Et qu’importe si l’évolution de nos concurrents les plus sérieux va systématiquement dans les directions opposées aux nôtres. L’exemple de l’âge de départ en retraite est un modèle quasi parfait de la faculté que nous avons de tourner le dos aux réalités.
Pour nous les incantations vont hélas trop souvent de pair avec les programmes politiques.
Oser le dire c’est aussi faire preuve de beaucoup d’arrogance.