Wauquiez

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Laurent Wauquiez est porté par une ambition extrême et, à certains égards, légitime. Président efficace de la région Auvergne-Rhone-Alpes  il pense qu’enfin, les astres se sont tournés dans la bonne direction, la sienne. La route vers l’Elysée est ouverte, non pas pour 2022 mais pour 2027.

 Mis sur la touche depuis la large défaite de son parti aux élections européennes, il peut reprendre espoir, alors que tous ses rivaux prennent à leur tour le chemin du vestiaire. C’est déjà le cas pour Xavier Bertrand qui n’a pu franchir l’étape de la Primaire des Républicains , et il est assez vraisemblable que Valérie Pécresse connaisse, à son tour, l’échec au scrutin du mois d’avril. 

La place de leader des LR lui sera alors quasiment acquise pour les 5 années à venir.

Il lui reste simplement à sauver les apparences.

 D’abord, et avant tout, en faisant en sorte que personne ne doute de la réalité de son engagement auprès de la candidate actuelle. Après tout l’élection de 2027 peut commencer par un rôle de figurant lors du scrutin de 2022 !

Mais depuis ce dernier vendredi, ce scénario est devenu beaucoup plus aléatoire. En effet, Laurent Wauquiez n’a pas su résister à ses pulsions excessives et incontrôlées. Celles qui, par exemple, l’ont conduit ( il y a deux ans) à une vraie proximité avec les Gilets Jaunes, incendiaires de la préfecture de la Haute-Loire. Proximité telle, que Le Monde a pu titrer un de ses grands article « Wauquiez contre l’Etat ». .

 Dans le droit fil de ce type de dérive, Laurent Wauquiez , sous prétexte de soutenir Valérie Pécresse, s’est livré ce dernier vendredi, à une attaque complètement folle à l’encontre de l’actuel Président de la République. Il a affirmé, dans une réunion publique à Chartres, que ce dernier était un dictateur.

Cette attaque, un vrai délire, est d’autant plus inadmissible qu’elle peut-être  analysée  comme une charge implicite à l’encontre des Français ; nous sommes un peuple en décrépitude puisque nous avons accepté que notre pays se mette sous les ordres d’un autocrate !

Cette critique implicite des Français est d’autant plus paradoxale qu’une partie d’entre nous ne supporte pas la moindre trace d’arrogance émanant du chef de l’Etat, et qu’une autre partie de l’opinion publique ( largement située à l’intérieur de la Droite républicaine)   lui reproche son manque d’autorité et sa faiblesse dans le domaine régalien.

Cette attaque, démesurée et proprement inadmissible, est loin du niveau que l’on est en droit d’attendre de la part d’un candidat permanent à la Présidence de la République.

 Mais cette réprobation quasi unanime ne le décourage pas, puisque dans la suite de son intervention, il cite Georges Pompidou comme étant l’exemple à suivre.

Cette référence est certes justifiée car, peu à peu, l’Histoire reconnait les qualités indiscutables du successeur du Général De Gaulle. Mais elle est aussi une alerte car  elle nous annonce pour les années prochaines un nouvel encrage  idéologique de l’ambitieux président de la Région Rhône-Alpes : hier centriste comme son mentor Jacques Barrot, aujourd’hui LR de plus en plus proche de l’extrême droite, demain tout à la fois gaulliste réaliste et adversaire sans faiblesse de l’extrême-droite  comme Pompidou. Ce dernier changement de cap que Laurent Wauquiez nous laisse entrevoir, est vraisemblablement le plus porteur d’une réussite à moyen terme. Mais s’y tiendra-t-il ?

Avec cet ambitieux, survolté et pressé, rien n’est assuré.

 A trépigner d’impatience, il accumule les autocollants qui collent à ses chaussures et l’empêcheront de marcher vers l’Elysée.

 Les Français risquent d’adopter à son égard la formule revisitée de François 1er : « souvent Wauquiez varie, bien fol est qui s’y fie ».

 Adage mortel pour une si grande ambition.

 En définitive, par ses trop nombreux dérapages ,il aura créé son propre plafond de verre.