Les Français, c’est bien connu, se désintéressent de la géopolitique.
Mais par les temps qui courent, ils devront faire un effort.
Le conflit larvé entre la Russie et l’Ukraine risque de les préoccuper et de leur rappeler que la guerre peut aussi s’installer en Europe.
Comment expliquer la dérive dramatique à laquelle nous assistons ?
Les raisons sont multiples.
Par exemple celle générée par l’apparition de plus en plus accélérée d’une nouvelle organisation du monde.
Contrairement à ce que beaucoup ont cru ( et à leur tête le politologue américain Francis Fukuyama) l’Histoire n’est pas finie ; elle continue de plus en plus violente.
La fin de l’URSS n’a pas signé la disparition de la Russie.
Ce pays est toujours là et veut retrouver la place qu’il a occupée pendant des centaines d’années.
Le nain qu’il était devenu, avec la chute du Mur de Berlin il y a trente ans, retrouve peu à peu son statut de géant.
Ce retour au premier plan, il le doit à plusieurs facteurs :
-d’abord à l’accroissement d’une forme de faiblesse chez son grand rival habituel, les Etats-Unis . Ceux-ci découvrent peu à peu que contestés dans beaucoup de domaines ‘ en particulier économiques) ils ne sont plus les uniques maîtres du monde.
Quant à la Chine, elle s’est réveillée et se propulse à grande vitesse vers le titre de plus grande puissance mondiale. Or cette montée en puissance est d’autant plus importante que Chine et Russie, après une longue période de défiance, se sont fortement rapprochées.
En conséquence les USA voient leur autorité en Europe faiblir significativement.
En fait, on a l’impression que les héritiers de Staline et de Mao exigent de participer au partage du Monde. Ce n’est pas Jo Biden le faible, successeur de Trump le délirant iconoclaste, qui empêchera Moscou de renouer avec sa grande Histoire
L’OTAN a-t il un rôle à jouer ?
l’OTAN, le bras protecteur créé par les Américains dans l’immédiat après-guerre, apparaît de plus en plus en « état de mort cérébrale » selon l’expression d’Emmanuel Macron.
Au surplus, l’OTAN n’a d’ailleurs, en matière de sécurité, que très partiellement été remplacé par l’Union Européenne et son addition de pays indépendants..
Cette impuissance de l’Union Européenne vient d’abord, et avant tout dans cette affaire Ukrainienne, de l’absence d’une véritable armée.
Pour un guerrier comme Poutine, la Russie n’est en face que d’une banale association de commerçants et d’industriels. Pas de quoi faire reculer le maitre du Kremlin.
A cela s’ajoute bien évidemment la démarche très surprenante de l’Allemagne. D’une certaine façon elle s’est vendue, pieds et mains liés,
à la Russie en lui achetant songaz naturel en remplacement du charbon qui constituait jusqu’alors, sa principale source d’énergie.
Cette dépendance quasi exclusive, n’a pas fini de ternir le bilan d’Angela Merkel
Pour toutes ces raisons, l’envahissement de l’Ukraine n’est plus une hypothèse d’école .
Poutine, peut demain se conduire comme un conquérant sans obstacle.
Poutine, l’ancien agent du KGB devenu Tsar, pense que l’URSS n’a pas perdu la « guerre froide » puisque la Russie a survécu. Du coup,
certains vont même jusqu’à penser, que la raison a définitivement abandonné le maître du Kremlin.
D’autres scrutent son visage bien changé au fil des années et y devinent les signes d’ une maladie grave qui l’inciterait à reconstruire, le plus vite possible, les bases de l’ancien empire.
P S
L’alerte est très chaude. Mais l’espoir revient puisque ce mardi matin nous avons appris qu’une partie des troupes russes regagnaient leur casernement. Pourquoi ? On le saura peut-être dans les prochains jours
Les éditos d'Henri Merle 