
L’Extrême-Droite en tête des sondages ! On n’avait jamais fait un tel constat. C’est pratiquement 30 % des Français qui, ayant décidé d’aller voter, optent pour Marine Le Pen ou Eric Zémour. La première essaye de faire oublier ses outrances passées alors que le second pratique la provocation avec la même constance qu’un chauffeur de taxi remplit tous les jours le réservoir d’essence de son véhicule. Avant d’avoir gagné, l’un et l’autre s’approprient les dépouilles de notre République comme des chiens se disputent un os.
Abasourdis, les partis ordinaires, de droite ou de gauche, vivent un cauchemar, cernés qu’ils sont par les extrémistes ou les troupes de l’actuel Président.
Mais rien n’est encore joué car notre pays dispose d’une arme souvent dénigrée : le scrutin à deux tours. La hiérarchie actuelle de l’avant premier tour ne signifie pas que tout est écrit.
Les passionnés du Tour de France connaissent bien ce scénario qui voit, quasiment chaque année, les sprinteurs engranger les victoires sur les terrains plats du Nord de la France avant de s’effondrer lors du franchissement des cols des Alpes et des Pyrénées. Marine Le Pen et Eric Zemour les imiteront car ils ne sont que des champions sans avenir. Si l’un des deux est présent au deuxième tour , ce sera la victoire assurée pour son adversaire, que ce soit Valérie Pécresse ou Emmanuel Macron.
Cette première certitude (accompagnée par l’effondrement annoncé de la Gauche encombrée par ses 7 candidats) fait surgir l’interrogation décisive. Si le deuxième tour voit l’affrontement entre la candidate des LR et l’actuel Président, quel sera le facteur qui emportera le choix des électeurs ?
Les arguments décisifs on les connait déjà.
Valérie Pécresse mettra en avance le fait qu’elle est une femme et qu’il serait plus que normal qu’enfin une candidate soit portée au poste suprême. Elle n’oubliera pas non plus de rappeler sans cesse, la personnalité contestée d’Emmanuel Macron qui en fait le contraire d’un rassembleur.
L’actuel occupant de l’Elysée, lui ,mettra en avant son bilan , tout particulièrement en matière d’économie et de lutte contre le chômage. En effet, ce n’est pas tous les jours que le New York Times et un Nobel d’’Economie.(https://www.lesechos.fr/du 27/1/22)) saluent les recettes de la France pour sortir d’une crise ! Du jamais vu !
Quel que soit le vainqueur, il devra surmonter un énorme handicap. Il sera, en quelque sorte, élu par défaut. Le premier tour aura montré qu’il est très minoritaire dans l’opinion publique ( actuellement dans les sondages : Pécresse 17% et Macron 24 %) . Bien maigre trésor pour affronter les énormes défis qui se dressent à l’horizon et ceci sur tous les plans, à l’intérieur, comme à l’international où toutes les hiérarchies sont en train d’être bouleversées.
Est-ce le moment de continuer à nous disputer comme des chiffonniers ? Ou plutôt ne devons nous pas, comme certains de nos pays voisins le font ( l’ Allemagne ou l’Italie par exemple), adopter le principe de coalition de nos forces politiques ?
Impossible, pense la quasi totalité des observateurs ! Parmi eux Daniel Cohn-Bendit qui, fin connaisseur de notre pays, fait très justement remarquer (Le Point du 27/1/22) que « la classe politique actuelle est incapable de penser coalition car, pour elle, coalition veut dire compromis, et compromis se traduit en France par compromission ».
Heureusement notre Constitution nous ouvre une porte de sortie vers cette nécessaire cohabitation. Il s’agit des élections législatives qui vont suivre de quelques semaines l’élection présidentielle et risquent au final de nous donner une Assemblée Nationale très éparpillée en de nombreux groupes parlementaires.
Le moment n’est-il pas venu, avant de voter pour un (ou une) Président de s’interroger, sur celui ou celle qui sera le plus à même de promouvoir, puis de gérer cette formule ?
Cette cohabitation, si contraire parait-il à l’esprit de la Veme République, mais que pourtant les Français ont été loin de détester, que ce soit sous la Présidence de Mitterrand ou celle de Chirac. Cette « révolution »ne serait-elle pas la réponse la mieux adaptée à la violence qui peu à peu s’empare de notre société et nous éloigne du débat démocratique ?
D’ailleurs les urnes ne nous donnerons peut-être pas le choix. Elles imposeront ce changement !