
Journal du net
Les mots ont une histoire, parfois paradoxale.
C’est le cas pour le mot révolution.
A la fin du 18eme siècle Il était devenu emblématique de la marche en avant vers le progrès démocratique.
Puis pendant la majeure partie du 20 eme siècle les marxistes se sont emparés du terme, en ont fait leur oriflamme, et ont créé dans l’URSS de Staline et dans la Chine de Mao les dictatures parmi les pires que le monde ait connu.
Enfin, quasi en catimini, la révolution a quitté l’univers politique pour se vulgariser en qualificatif de la réussite et de la novation dans pratiquement toutes les activités humaines ( un vaccin révolutionnaire, une approche révolutionnaire du travail, une révolution dans le cinéma, etc, etc… ).
Mais cette banalisation est trompeuse car notre monde est de plus en plus exposé à des remises en cause profondes, et ceci dans tous les domaines.
Quatre exemples, parmi bien d’autres. Les deux premiers concernent l’industrie et le commerce ; les deux derniers impliquent certains rapports humains.
L’Industrie regorge de ‘révolutions’, de ruptures violentes.
La toute dernière a évidemment lieu dans l’industrie automobile. Sous l’influence du prix du pétrole et de l’absolue nécessité de lutter contre le réchauffement climatique, le moteur à explosion vit ses toutes dernières années alors que le moteur électrique brûle les étapes vers la première place.
Prodigieuse révolution qui s’accélère chaque jour davantage.
L’activité commerciale n’est pas en reste ; les ‘révolutions’ y sont fréquentes !
Qui aurait pu imaginer, il y a une vingtaine d’année, que l’empire des grandes surfaces allait être remis en cause, essentiellement par la déferlante de la distribution par Internet ?
Amazon et consorts bousculent l’ordre établi. Carrefour et ses confrères doivent se rapprocher du consommateur, se réfugier dans les centres villes et, tardivement, essayer de s’immiscer dans le domaine quasi monopolisé par Jeff Bezos.
Ils était chasseurs, encore un peu et ils seront le gibier à abattre. A la grande joie des commerçants indépendants ( leurs victimes d’hier) qui eux aussi, se rallient à la vente en ligne.
Les exemples suivants concernent des ruptures profondes de la vie privée. Ici aussi la rupture vaut ‘révolution’.
La guerre des sexes constitue la 1ère de ces ruptures. La hiérarchie établie entre hommes et femmes depuis des siècles et des siècles est désormais totalement contestée et les affrontements qui en résultent mettront moins de temps que certains ne l’imaginent, pour se stabiliser. C’est une autre société qui est en train de voir le jour.
Dernier exemple de révolution : l’arrivée et la généralisation à très grande vitesse de l’informatique qui a mis fin à un principe bien établi. Depuis toujours les plus anciens ont été la référence pour les plus jeunes. Parce qu’ils savaient ,et que les jeunes ne savaient pas, ils possédaient l’autorité !
Aujourd’hui la rupture hiérarchique s’effrite parce qu’une partie des nouvelles connaissances leur échappe. Avec l’omniprésence de l’informatique, les anciens maîtres sont parfois, et au mieux, devenus des élèves, au pire les habitants d’une réserve indienne.
La nouvelle culture s’impose à eux, avec des données techniques qui leurs sont très majoritairement inabordables.
Dans ce cas il ne s’agit pas d’affrontement, ni d’une rupture, mais d’un gouffre qu’ils ne pourront jamais franchir pour la plupart d’entre eux. La culture à l’ancienne est morte, l’intelligence artificielle développe ses multiples tentacules et le « Métaverse » est annoncé.
C’est une révolution totale à laquelle on ne pourra échapper. Ce n’est pas un pays qui est concerné, c’est un autre monde qui vient d’arriver.