En étant élu en 2017 , Emmanuel Macron a réalisé un véritable exploit. et mis en danger les partis politiques.
Tout puissants depuis les premiers temps de la Troisième République, soudain ils étaient menacés de disparition. L’avenir était sombre, en particulier pour LR et surtout le PS.
Pourquoi LR paraissait en théorie comme étant le parti le mieux armé pour résister ?
Parce que l’opinion, telle qu’elle apparaît au fil de tous les sondages, va dans le sens des principales idées de la Droite classique : sécurité, autorité, liberté face à l’emprise excessive de l’Administration …
Il n’empêche qu’à cause des candidats dissidents l’avenir de LR s’assombrissait de plus en plus…
Aujourd’hui Christian Jacob le président des LR respire, la désunion semble terminée ! Xavier Bertrand a rejoint le bercail.
Mais pour l’instant il ne s’agit que d’une satisfaction de façade.
C’est pourquoi Jacob repart en guerre contre le pouvoir en place,
qualifie Edouard Philippe de « traître à son parti d’origine » et surtout lui reproche « d’avoir mis le feu à la France entière » ; ce qui n’est pas totalement exagéré.
Cette colère s’explique car les six mois qui viennent vont effectivement décider de l’avenir des LR :
-Si le représentant du parti est présent au deuxième tour de l’élection, le parti sera sauvé. Dans le cas contraire ce sera l’explosion et la chute finale.
-De son côté Emmanuel Macron a de quoi être satisfait, son ancien Premier ministre lui sert encore de bouclier. Son aile droite est désormais sous contrôle. Pour l’aile gauche, il en fait lui-même son affaire.
Mais attention ! La réalité est peut-être plus complexe qu’il y paraît et le Président en place ferait bien de se méfier et ceci pour au moins deux raisons :
– la première : si Macron a su réduire fortement l’influence des vieux partis, mais il ne sait pas encore les remplacer. Déficience qu’à bon droit certains estiment particulièrement pénalisante.
En effet la démocratie repose largement sur l’existence de partis puissants. On ne traverse pas les océans sans bateau ni équipage. Démocratie et partis politiques sont liés.
– Une deuxième raison incite à la prudence :
« Horizons » le parti qu’Edouard Philippe vient de créer est porteur d’une grande ambiguïté.
En apparence il est programmé pour 2027. Ce qui lui donne tout le temps de grandir et se fortifier avant que son créateur se présente à l’élection présidentielle.
Mais auparavant bien des choses peuvent se passer. Elles peuvent bouleverser toutes les analyses actuelles.
En effet une autre élection se profile dans les semaines qui suivront l’élection présidentielle de 2022. Ce sont les élections législatives.
On peut être certain que si Macron l’emporte au mois d’avril, son parti fantôme (LREM) ne sera pas seul lors des la distribution des circonscriptions. Il y aura avec lui, ou plutôt face à lui, Horizons. Et Horizons pèsera lourd et sera un vrai parti, très puissant.
Deux courants vont en effet l’alimenter. D’une part les partisans d’Edouard Philippe déjà portés par les sondages actuels mais aussi les militants et cadres de LR qui fuiront leur ancien parti en déliquescence, et qui seront trop heureux de trouver un camp si proche de leurs aspirations.
En conséquence c’est en fait une cohabitation d’un nouveau type qui verra le jour. Une guerre larvée se développera inévitablement entre l’Elysée et Horizons. Qui peut en douter ?
La question est désormais sur la table.
Le maire du Havre est-il un traître très classique, un stratège de grande envergure, ou les deux à la fois ?
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Les éditos d'Henri Merle 