
Sarkozy, Tapie .
En quelques jours, pour eux tout s’est écroulé.
Pour l’un, ses juges, les « petits pois » vengeurs, viennent une fois de plus d’accélérer sa mort politique en le condamnant à 1an de prison ferme.
Pour l’autre, c’est sa disparition définitive qu’ont appris les Français ce dernier dimanche.
Le parallèle entre ces deux ténors des médias peut surprendre et heurter. Et pourtant, par bien des points, ils étaient du même monde et se ressemblaient.
Depuis le début, pour eux tout s’annonçait difficile.
Pour Sarkozy, un sang mêlé (comme lui même se définit), de père hongrois et de grand-père maternel juif séfarade de Thessalonique. Pour Tapie, le vrai pauvre né dans une triste banlieue du nord de Paris.
Tous les deux n’avaient pas grand chose à espérer.
Et pourtant tous les deux ont atteint les sommets.
Et tous les deux ont été tout à la fois détestés ( voire méprisés) par beaucoup de Français, mais aussi aimés (voire révérés) par encore plus de nos concitoyens.
Ils ont été détestés car ils ont toujours affiché leur réussite financière. Pour eux, elle n’est en rien un défaut, tout au contraire.
L’exposition de leur train de vie, de leur richesse ( montres de luxe ou yacht démesuré) étaient pour eux tout à fait normale alors qu’elle heurtait profondément la majorité d’entre nous
Cette espèce de puritanisme hypocrite qui nous habite n’a jamais été leur religion.
Alors que pour les Français la réussite doit être pudiquement dissimulée. Eux, à l’opposé, ont toujours été partisans d’un monde où la réussite s’affiche
Mais cette détestation a largement été compensée par l’attachement paradoxal que les Français ont eu pour ces deux fauves. Sarkozy demeure la référence et le guide de la droite classique. Alors que Tapie a été admiré non seulement pour ses réussites professionnelles mais aussi et surtout pour son courage sans limite dans sa confrontation avec la maladie.
Au surplus tous les deux avaient une force indiscutable : il savaient parler à leur public. Les dissertations trop techniques et pédantes leur étaient étrangères. Parfois à la limite de la grossièreté, leur langage simple et clair était leur arme efficace pour abolir les distances avec les Français.
De ce point de vue, ils auraient pu donner des leçons à l’actuel Président qui, s’il les supasse en compétence, est encore loin d’avoir acquis leur savoir-dire. Ce sens du relationnel, indispensable si on veut être entendu par notre peuple de discutailleurs et de rebelles.
Le dernier point commun entre ces deux personnages réside bien évidemment dans l’importance de leurs démêlés avec la Justice.
Tous les deux ont cumulé les affaires, les soupçons et les jugements.
Tous les deux ont systématiquement clamé leur innocence parce que pour eux ce qui importait ce n’était pas l’observation des règles de droit (dont beaucoup d’autres peuples se sont dispensés; par exemple Trump et Biden n’ont pas limité leurs dépenses pour conquérir la Maison-Blanche) mais la réalisation de leurs objectifs.
Ces objectifs qu’il était nécessaire nécessaire pour eux d’atteindre dans l’intérêt même de l’ensemble des Français : le gouvernement de la France pour l’un, ou la victoire de Marseille à la finale de la Coupe d’Europe pour l’autre valaient bien de tutoyer l’illégalité.
En somme « malhonnête, mais juste ce qu’il faut » selon l’expression d’une supportrice de l’OM
Aujourd’hui le voyage est terminé pour les deux « boss ».
De plus en plus la Justice multiplie les confrontations avec l’ancien Président. Et ce n’est sans doute pas terminé.
Ne lui reste plus qu’à jouer avec le temps et à multiplier les procédures protectrices.
Pour Tapie sa mort signifie sa sortie du terrain alors que le match n’est pas encore fini. et que l’issue est encore incertaine.
La Cour d’appel doit encore se prononcer dans quelques jours et décidera du sort de ses 5 co-accusés dans l’affaire Adidas.
Tout est encore possible.
Y compris que l’ancien président de l’OM gagne encore le match !