Le trublion

La dépêche.fr

La semaine qui vient de s’écouler a été riche d’enseignements pour la future élection présidentielle. Deux exemples en attestent :

                  -la campagne de 2016-2017 a laissé des traces profondes :

                                    Pour la gauche : il y a cinq ans, le candidat « Ecolo » avait cru normal et efficace de se retirer au profit du candidat socialiste. Un vrai désastre ! cette union s’est soldée par le très médiocre 5% enregistré par Benoit Hamon. La leçon sera retenue. En 2022 Yanick Janot restera en piste; Anne Hidalgo ne doit pas en douter. 

Autre évidence générée par l’élection de 2017 : désormais les partis politiques ne sont plus la voie incontournable de conquête du pouvoir.

Emmanuel Macron en avait fait la démonstration en ignorant les ukases des dirigeants du PS et en contraignant François Hollande à se retirer de la compétition. 

Ce coup d’éclat de 2017 ( presqu’un coup d’Etat) a aussitôt été analysé comme un exploit sans lendemain possible.

Et pourtant, à nouveau l’incertitude règne ; la menace de « l’inconnu triomphant » se profile à nouveau à l’horizon ! La candidature d’Eric

 Zemmour fait trembler un peu tout le monde,  à droite et à gauche !

Seul , peut-être , le Président en place semble avoir, pour l’instant, les moyens de résister à la vague de fond qui porte le polémiste. 

Celui-ci sera-t-il un nouveau JP Chevènement qui en 2002 s’était écroulé à 5,5 %, après avoir atteint dans les sondages près de 15% quelques semaines au paravant?

 Ou sera-t-il, ironie du destin, le nouveau Macron ?

 Les paris sont ouverts.

– Le deuxième enseignement que l’on peut tirer de cette avant-campagne ne tient pas aux futurs prétendants, mais aux thèmes qui alimenteront le débat.

Depuis l’élection de Georges Pompidou c’est pratiquement toujours l’économie, la croissance et les conséquences sociales qui ont alimenté les débats.

Ces préoccupations risquent fort, pour cette élection, d’être fortement concurrencées par des thèmes beaucoup plus régaliens ; avec au premier rang la sécurité, la régulation drastique de l’immigration et l’intégration de tous les citoyens dans une culture homogène.

Peu de gens auraient parié, il y a encore un an, sur ce déclassement de l’économie. En effet, pour beaucoup de spécialistes, la crise sanitaire allait avoir des conséquences désastreuses sur l’ économie et l’on était quasiment certains que le chômage allait prospérer dans des proportions considérables et donc polariser l’essentiel des débats.

Pour l’instant, il n’en est rien.

C’est fort handicapant pour l’opposition de gauche qui va être contrainte d’argumenter, de débattre, de faire des propositions dans un domaine ( la sécurité au sens large) qui n’est pas le sien et où elle est difficilement crédible.

C’est tout bénéfice, au contraire, pour l’extrême-droite et une partie de la droite qui pourront désormais s’épanouir dans un domaine ( le besoin de sécurité sous toutes ses formes) qu’elles considèrent comme leur chasse gardée. et qui au surplus réunit la grande majorité des Français).

Du pain béni en quelque sorte pour le trublion Eric Zemmour qui semble déjà en mesure de dynamiter un premier obstacle que beaucoup croyaient infranchissable : la candidature de Marine Le Pen et sa présence quasi assurée au deuxième tour. 

Après ce premier exploit, il lui restera à prouver qu’il a la compétence technique de gérer notre pays.

Ce deuxième obstacle sera autrement plus difficile à franchir.

C’est peut-être pourquoi, il tarde à se déclarer. Entre le statut de polémiste et celui d’homme d’Etat il y a un gouffre.