
Les élections régionales sont derrière nous. On ne les oubliera pas !
Non parce qu’elles ont donné lieu à des débats intéressants sur des propositions nouvelles. Mais au contraire parce qu’elles ont suscité la plus grande indifférence de la part des électeurs qui se sont abstenus dans des proportions jamais atteintes.
Au delà de cette énorme abstention, une 1 ère question se pose : comment expliquer que ce soient les partis de l’Ancien Monde ( les LR et le PS) qui tirent leur épingle du jeu ?
Comment comprendre la prime aux sortants alors que les nouveaux prétendants ( les Ecolos, LFI, LREM et surtout le RN), encouragés parfois par des sondages prometteurs, ont été battus à plate couture ?
La meilleure explication tient, peut-être, à l’addition de deux réflexes. L’un provenant des partisans des nouveaux partis, l’autre des sympathisants des formations les plus anciennes.
Pour les premiers seuls comptent les sujets de politique nationale or ce n’était pas le cas avec ce scrutin.
Pour les seconds, blanchis sous le harnais de l’habitude et de la fidélité à leurs élus, le réflexe de la tradition a en quelque sorte « amorti » la fuite devant les urnes. Une armée s’est largement évaporée, l’autre s’est accrochée au terrain.
Ce scénario pourra-t-il se reproduire lors des élections présidentielles.
Tout est possible, mais on peut en douter alors que les hostilités sont déjà engagées.
A gauche l’espoir renaît et c’est l’effervescence.
Les Ecologistes fidèles à leur tradition voient la liste de leurs candidats s’allonger. Les uns veulent aller seuls au combat (comme Eric Piolle) , d’autres au contraire veulent (comme Yannick Jadot) être les représentants de l’ensemble des forces de gauche.
Les Socialistes qui, jusqu’à ces dernières semaines ne savaient à quel saint se vouer, reprennent espoir et s’imaginent, grâce à leurs bons résultats des Régionales, pouvoir conduire l’opposition sous la houlette d’ Anne Hidalgo, la reine de Paris,..
La France Insoumise de son côté rejette pour le moment toute alliance. Jean-Luc Mélenchon est exceptionnellement muet mais reste persuadé que grâce à ses talents oratoires et à son expérience, il sera indépassable. Enfin le miracle tant attendu se produira, il sera présent au second tour.
A droite règne déjà la même excitation. Les prétendants sont sur la ligne de départ.
Laurent Wauquiez d’abord, dont le sourire carnassier annonçait dimanche, clairement, qu’il reprenait la main et que le temps de l’exil sur les bords du Rhône allait se terminer, pour laisser place au séjour majestueux sur les bords de Seine.
Xavier Bertrand lui veut croire que sa stratégie est la bonne. Lui qui le premier s’est déclaré candidat à l’Elysée, entame immédiatement la deuxième étape.
C’était très clair dimanche soir. II s’est contenté d’une très légère allusion à sa région, pour consacrer l’essentiel de son intervention à parler du pays dans son ensemble et des pauvres Français que le pouvoir n’écoute pas. Il se voyait déjà à l’Elysée !
Pire, il a frôlé le ridicule en parlant de cette « certaine idée de la France » qui le porte.
Encore un peu et il mettra sur sa tête le képi du général De Gaulle !
Heureusement, Valéry Pécresse, plus sérieuse et modeste, s’est contentée d’affirmer qu’elle allait réfléchir avant de décider . « Chi va piano va sano e va lontano »
La bataille de France est commencée. On en oublierait que les favoris des sondages sont toujours là et qu’ils vont participer aux hostilités.