
Depuis dimanche nous savons que ces élections régionales feront date pour au moins deux raisons :
la première : leur taux d’abstention .
la deuxième : elles remettent en question un scénario que beaucoup pensaient inévitable.
En matière d’absentéisme on croyait avoir atteint un record avec les élections municipales de 2020 : 55%. Nous étions beaucoup trop optimistes puisque cette année c’est seulement un électeur sur trois qui a voté, contre 1 sur 2 l’année dernière.
La honte, la catastrophe pour notre démocratie représentative !
Quelles sont les raisons avancées pour expliquer cette déroute ?
Elles sont nombreuses, mais l’une d’entre elles domine : la date a été mal choisie, comme cela a d’ailleurs été le cas en 2019.
Décidément, disent les opposants, une fois encore le gouvernement est s’est trompé.
Hier il a méconnu la peur que suscitaient les risques de contamination dans les bureaux.
Aujourd’hui il a, non seulement négligé cette peur, mais surtout il n’a pas perçu la volonté profonde, irrémédiable des Français de vouloir profiter immédiatement de la liberté de vivre sans contraintes.
Cette envie irrépressible, émanant surtout des plus jeunes ( 87%d’abstention.), a conduit les Français à oublier leur devoir de citoyen.
Observons une fois encore le positionnement de nos oppositions d’hier, d’aujourd’hui et vraisemblablement de demain. Comme toujours elles se distinguent par leur critique systématique de l’action gouvernementale.
C’est ainsi qu’Edouard Phillipe, qui a dû subir en son temps ce type d’attaques (et qui n’oublie pas d’en parler dans son tout dernier livre) ne manque pas, hélas, de participer à ce concert en déclarant dans le Figaro « Tout le monde savait qu’organiser les élections en ce moment serait un désastre ». En somme, tout le monde connaissait le risque, mais pratiquement personne n’a critiqué ce choix lorsqu’il y a peu de mois la date a été fixée.
La deuxième raison qui fait que cette élection restera dans l’histoire, tient au fait que ses résultats sont en contradiction avec un scénario déjà écrit :
L’élection présidentielle devrait opposer Marine Le Pen et Emmanuel Macron.
Ce duel est-il remis en cause par les résultats de ce premier tour ?
Apparemment : oui.
-LRM a été écrasée, mais ce est pas une surprise.
Cette majorité parlementaire n’a jamais en 4 ans réussi à exister en tant que parti politique.
Elle n’a pas d’existence propre. Cette organisation est fondamentalement transparente.
C’est si vrai, et paradoxal, que sa déroute intervient alors que le taux de satisfaction d’Emmanuel Macron était la semaine dernière à un niveau dont peu de Président en poste ont bénéficié.
– pour le R N, les raisons de sa défaite sont plus difficiles à cerner.
Son succès annoncé systématiquement par les instituts de sondage a sans doute démobilisé une grande partie de ses nouveaux adhérents.
En premier lieu, les sympathisants RN, du style « gilets jaunes », ont selon toute vraisemblance fait le choix « du dimanche à la campagne » plutôt que celui du dimanche au bureau de vote.
De plus les adhésions au RN tiennent surtout et depuis toujours aux thèmes de politique nationale ( comme la sécurité ou l’indépendance économique) ; beaucoup plus qu’à un jugement sur l’action de régions. Régions dont, comme la majorité des Français, ils ignorent les domaines de compétence.
Dimanche prochain nous y verrons peut-être plus clair.
Aujourd’hui nous n’avons qu’une certitude.
La prime au sortant reçue par les Présidents en place, qu’ils soient LR ou PS, va provoquer de grands espoirs de captation d’un billet d’entrée à l’Elysée.
Conséquence, c’est déjà une bagarre à trois pour les prétendants de droite ( Bertrand, Pécresse, Wauquiez) qui s’annonce et cela vraisemblablement dès la semaine prochaine. De quoi, peut-être, rassurer les anciens favoris.