Missions impossibles ?

Le Monde

Je vais vous raconter une histoire.

Elle n’est pas de moi, mais de Bruno Le Maire. (1)

Un jour, il reçoit un coup de téléphone d’un ami, policier à Bourges, qui voulait le remercier pour un service rendu.

Bruno Le Maire a du mal à comprendre ce qu’il dit. Le policier lui explique le pourquoi : 

« Je me suis fait salement tabasser . Trois mecs m’on dit : tu es flic on te tape. Maintenant j’ai le visage en morceaux ». Puis le policier ajoute « C’est vérolé, tout est vérolé. Je sais bien que vous faites le mieux que vous pouvez, mais c’est trop tard. ».

En  somme, une histoire tristement banale !

 Oui, sauf qu’elle s’est passée en juin 2005, il y a 16 ans.

Et que manifestement rien ne s’est amélioré en matière d’ordre public et de sécurité sous l’actuel quinquennat :

               – il y a deux ans les Gilets jaunes tenaient le haut du pavé et pouvaient impunément faire tout et n’importe quoi : empêcher la libre circulation des personnes, saccager systématiquement beaucoup de nos centres-villes, brûler une préfecture symbole s’il en est de l’ordre républicain, fracasser en partie l’Arc de triomphe l’un de nos bâtiments emblématiques… et accessoirement faire un carton sur les policiers

   – de plus en plus, le pays se fracture et les zones de non-droit se multiplient.

Ces zones abritent des trafics de drogues et sont des refuges où osent à peine s’avancer les forces de l’ordre. Ces dernières sont  devenues des cibles sur tous les territoires.

 La peur du gendarme n’existe presque plus, ce sont les gendarmes et les policiers qui tremblent pour eux et leurs propres familles.

De plus en plus, se succèdent des chocs où les forces de l’ordre sont victimes des traquenards dressés par ceux-la même qu’elles devraient emprisonner.

Presque chaque jour des fonctionnaires de police sont assassinés ou frôlent la mort de près.

Le doute n’est plus permis.

La situation actuelle exige un changement complet et rapide de notre approche sécuritaire

Quelle sera alors la réaction de l’opinion publique devant ce changement de cap brutal ?

Jusqu’à ces dernières semaines, l’opinion publique paraissait presque indifférente. Mais aujourd’hui, en voyant les attaques aux mortiers qui se déroulent presque toutes les nuits dans les cités, elle se demande si elle n’est pas face aux prémices d’une guerre civile.

Trop c’est trop. Les Français ont enfin aperçu qu’ils sont arrivés à une sorte de point de bascule.

Et les sondages montrent chaque jour davantage que face à la peur s’installe, le choix des Français est clair et net.

C’est la raison qui explique largement que le paysage politique soit aujourd’hui profondément bouleversé.

La désaffection pour les partis de gauche s’accélère. Ils sont d’une certaine façon marginalisés car Ils sont pris entre deux feux : les conséquences économiques de la situation sanitaire et l’exigence de sécurité publique. Force est de constater que le régalien n’ayant jamais été le point fort de la Gauche démocratique, celle-ci n’a pas fini de se rabougrir.

Les autres forces politiques, à l’exception du Rassemblement National, sont objectivement mieux placées pour affronter cette double attente économique et sécuritaire. C’est beaucoup plus dans leur ADN.

C’est sur ce double pari que va se jouer l’élection présidentielle qui occupe déjà tous les esprits. C’est le candidat qui apparaîtra le mieux à même de répondre au double questionnement des Français, qui l’emportera.

 En l’état actuel des choses, le RN, a pris de l’avance en matière sécuritaire. Mais Marine Le Pen sa présidente et candidate à l’Elysée reste toujours marquée par ses insuffisances abyssales en matière d’économie.

La situation est presque à l’exacte opposé pour Emmanuel Macron. Ce dernier n’a plus en réalité que six mois pour montrer aux Français 

 que non seulement il les comprends mais que lui seul est en mesure de rétablir l’ordre et la sécurité. Quoiqu’en pense ses adversaires .

Mais il est tard, bien tard.

(1)  Bruno Le Maire Des hommes d’Etat Editions Grasset