Le chambardement du mois de Mai

Francebleu.fr

Le mois de Mai est fidèle à sa tradition : il met très souvent la pagaille dans notre République. 

Exemples :

-le 13 mai 1958 à Alger c’est le début des manifestations qui conduiront au rappel du général De Gaulle.

– mai 1968 c’est le début du mouvement étudiant, avec les conséquences que l’on connait tant sur le plan politique que sur le plan sociétal.

 Mais cette année 2021paraît relativement calme sur le plan politique , focalisée qu’elle est sur l’impact grandissant de la pandémie. 

Cette apparence est trompeuse, particulièrement en France, car Mai 2021 marquera peut- être  la fin d’une époque dans deux domaines.

Tout d’abord dans le domaine syndical.

            Le Ier mai, une sorte de « sacrilège » a été commis. Des manifestants extrémistes ont, pendant le traditionnel défilé, poussé l’audace jusqu’à s’en prendre aux véhicules de propagande de la CGT. Une première quasiment inimaginable, il y a quelques années.

Des pavés sur les camionnettes c’est grave, mais inscrire «  collabo » c’est l’abomination ont certainement pensé les responsables cgtistes.

C’est surtout le signe que le monde syndical est entré dans une autre époque. La domination et la crainte qu’inspirait la CGT sont en train de disparaître. Elle devra désormais impérativement choisir entre l’extrémisme systématique et la démarche responsable. Avec la première option elle survivra mais se recroquevillera inexorablement. Avec la deuxième, le succès est possible mais le prix à payer sera conséquent. Elle tirera un trait définitif sur son passé de bras armé du communisme de Papa pour, peu à peu, rejoindre les rangs d’une démocratie sociale à l’Allemande

 Mais ce choix est-il encore possible alors que la CFDT s’est installée, à la première place, sur le créneau du réformisme ?

Le domaine politique n’est pas en reste.

 Le remue-ménage s’est produit le 2 mai lorsque le Premier Ministre, en liaison avec Renaud Muselier, a annoncé que, dans la région PACA, une liste commune entre LR et LREM allait être constituée.

Cette annonce est-elle vraiment surprenante ? 

Pas forcément car la vie politique a déjà commencé  à ne plus s’organiser autour du duel Gauche-Droite (comme cela a été le cas depuis l’installation de la République). Les derniers sondages nous le confirment systématiquement.

 Certes les partis de Gauche continuent à occuper la scène médiatique mais ils jouent de plus en plus souvent les seconds rôles. Encore un peu et sans l’assistance des écologistes ils devront  se contenter d’être les figurants de la pièce. Les communistes le savent, les socialistes ne veulent pas l’admettre et Mélenchon croit que le cabot qu’il est devenu peut encore à son âge jouer les jeunes premiers.

De son côté la droite classique souffre mais elle est moins maltraitée et ceci pour deux raisons :

                        – dans ces moments d’exigence sécuritaire elle ne s’oppose pas au glissement accéléré de l’opinion du publique vers l’ordre et la sécurité. Elle en profite même un peu car dans son cheminement final vers l’extrême-droite, l’électeur fait parfois un arrêt de convenance vers le parti des Républicains, lointain successeur des troupes gaullistes.

– autre raison de la résilience de la droite c’est bien évidemment son ancrage local. D nombreux élus locaux assurent la pérennité de leur parti .

Mais aujourd’hui, avec le deal Castex-Muselier, les LR sont sur la défensive, leur espace vital se rétrécit : le Centre est capté par Macron , et une partie des troupes LR est attirée par le Rassemblement National. 

Le feu couve et l’éclatement n’est pas forcément éloigné. En témoigne par exemple la réaction d’Hubert Falco, le maire de Toulon qui vient d’annoncer son départ du parti.

Il est clair désormais que LR n’échappera au désastre que s’il retrouve ses fondamentaux.

 C’est à dire l’arrivée d’un leader incontesté.

Pour deux postulants extérieur au parti ( Xavier Bertrand et Valéry Pécresse) tout dépendra de l’ampleur de leur succès aux régionales.

 Pour le troisième,(Laurent Wauquiez) non seulement il lui faudra gagner sa Région (ce qui sera sa tâche la plus aisée) mais au surplus il devra faire oublier les dérapages du temps où Président du Parti il s’était mis la France à dos. C’était il y a deux ans, c’était hier! C’est, vraisemblablement trop tôt. Mais il peut, peut être, compter sur les facultés d’oubli de ses compatriotes.