La sécurité, l’option incontournable

Dans un an l’élection ! Quel va être le sujet dominant ?

La pandémie et les jugements que les candidats porteront sur la gestion de cette crise sanitaire, tout aussi inattendue que monstrueuse ?

Ou, comme c’est l’habitude, sur les propositions et polémiques que  génèrent l’économie et la politique sociale ?

Ces sujets seront bien évidemment abordés mais ils n’occuperont pas vraiment la première place. 

En réalité il y a gros à parier qu’une question s’imposera, celle de l’ordre et de la sécurité.

Deux signes de cette future prééminence sont déjà présents :

– le premier est celui généré par la faiblesse actuelle de l’opposition de Gauche. Les sondages actuels ne lui accordent que 25% de préférence  des Français ( la plus faible adhésion depuis 1958). 

Pour cette raison, elle risque fort de ne pas pouvoir imposer les débats sociaux traditionnels qui sont son domaine de prédilection. La sécurité des citoyens n’a jamais été sa tasse à thé ! 

Elle ne pourra d’autant moins faire l’impasse des sujets régaliens, que la droite classique veut faire de ce thème sa propriété exclusive. 

                           – le deuxième signe de la domination à venir des débats sécuritaires vient de s’imposer ces derniers jours dans notre actualité. 

Trois affaires ont très fortement secoué l’opinion publique :

                                            -la décision de la Cour d’assise de Paris qui a profondément modifié et réduit les condamnations prononcées, dans un premier temps à l’encontre des jeunes qui avaient très sauvagement agressé les forces de l’ordre à Viry-Chatillon.

      -le jugement de la Cour de Cassation qui a confirmé l’irresponsabilité pénale du tueur de Sarah Halimi, Française de religion juive. Et  cela sous le motif, assez étonnant, de consommation importante de stupéfiants.

– enfin, et surtout, le meurtre à Rambouillet, par un immigrant tunisien, d’une fonctionnaire de police, paisible mère de famille.

Ces affaires ont été perçues par une énorme majorité de Français  comme de véritables provocations. Et ceci alors que la peur s’immisce dans notre quotidien et que s’installe inexorablement le sentiment que notre pays se fracture, et voit disparaître l’essentiel de ce qui faisait sa personnalité.

Ce pessimisme est d’autant plus prononcé que la Justice n’est plus perçue comme une structure de protection mais plutôt comme un monde étrange, à la lenteur scandaleuse, aux jugements parfois incompréhensibles, et surtout trop clément envers les voyous des quartiers insoumis ou aveugle à l’égard des terroristes.

C’est ce ressenti dévastateur qui pèse de plus en plus sur l’opinion publique. En témoigne le sondage d’Harris Interactive pour LCI qui fait apparaître que 58% des Français soutiennent la tribune des généraux appelant à un sursaut des autorités.

 C’est ce désarroi qui, dans quelques mois, pourrait expliquer  l’éventuelle élection de Marine Le Pen, la candidate aujourd’hui la plus en phase avec ce pessimisme.

Emmanuel Macron estime sans doute qu’il est le seul capable de mettre un terme à ce dérapage, vraisemblablement catastrophique pour notre pays. Mais dans cette bataille qui s’annonce entre lui et la présidente du Rassemblement National, les anathèmes ne suffiront pas, car dans notre démocratie seul le vote majoritaire compte et non le rejet préalable et systématique d’une candidate.

Mais n’est-il pas déjà trop tard pour notre actuel Président ? 

Pour lui, qui proclame ces derniers jours, et sous la pression des évènements, qu’il va consacrer l’essentiel de son temps et de ses capacités à la mise en place d’une politique régalienne sans faiblesse ? 

Saura-t-il assumer son fameux « en même temps » en menant de pair, croissance économique, protection sociale et retour de l’ordre et de la sécurité pour tous ? Parviendra-t-il à être incontournable ?

 Il n’a plus que quelques mois pour convaincre. Sinon, il risque fort d’en être réduit à suivre le même chemin que celui qu’à emprunté  son prédécesseur à l’approche de l’élection de 2017.