Trop de peur

Le Monde.fr

Nous sommes désormais à un tournant décisif.

 L’épidémie est très loin d’être vaincue mais on a un peu l’impression depuis quelque jours que tout est possible, même le meilleur.

L’infection ne s’envole pas, les chiffres journaliers sont parfois à la baisse, faiblement bien sûr.

De plus, après un an de pandémie,  nous avons des éléments qui nous permettent de définir objectivement une stratégie. 

Cette stratégie doit elle être exclusivement défensive? 

Devons nous, comme cela a été souvent le cas depuis l’arrivée de la pandémie, continuer à installer des obstacles « passifs » pour empêcher la progression de l’ennemi ? Aujourd’hui, ces tranchées modernes nous les appelons « confinements » !

Avec cette stratégie exclusivement défensive nous obtiendrons un résultat qui satisfera l’univers hospitalier. En effet le confinement empêchera l’envolée de l’épidémie, il évitera l’encombrement des services de réanimation. Ainsi de nombreux lits resteront disponibles pour le traitement d’autres maladies

Mais à l’opposé, avec ce type de procédure, nous bloquerons pour de longs mois, sinon des années, l’économie. Au surplus nous générerons un mal-être considérable dans la population ( en particulier chez les jeunes). La conjonction de ces deux éléments ne peut conduire qu’au désastre !

En réalité cette stratégie défensive a un défaut majeur : parce qu’elle est une sorte de défense à l’aveugle, elle ne peut pas prendre en considération un élément majeur : le déséquilibre gigantesque qui s’accroit entre les différentes classes d’âge, moins ou plus 65 ans. 

Les moins de 65 ans, sont eux aussi attaquée, mais ils résistent beaucoup mieux ; seulement 8% d’entre eux sont atteints mortellement.C’est toujours trop, mais sans comparaison avec les beaucoup  plus vieux (plus de 75 ans) qui génèrent près de 80 % des décès alors qu’ils ne représentent qu’un peu plus de 9% du total de la  population.

Si l’on prend en considération ces chiffres, une nouvelle stratégie s’impose qui postule que l’effort ne soit pas exclusivement défensif, au contraire !

Il faut sortir des tranchées et attaquer le virus là où il frappe le plus méchamment. C’est à dire qu’il faut, d’abord et avant tout, venir au secours des assiégés les plus vieux.

Avec quelle arme ? Les vaccins bien évidemment.

Contrairement aux prévisions les vaccins sont arrivés très vite mais de nombreux handicaps ont surgit dans notre pays  :

      – dans un premier temps les Français n’en ont pas voulu.

      – le gouvernement y a cru mais a privilégié le chemin le plus tortueux et lent , celui des Ephad.

      – à cela se sont ajoutées les hésitations provoquées par une administration trop puissante, obnubilée par le principe de précaution. En somme, là où on attendait des troupes d’élites, on est parti en contre- attaque avec les besogneux régiments de l’Intendance.

      – enfin nous payons dans cette guerre l’effondrement de notre industrie pharmaceutique.

Depuis le début de cette pandémie nous sommes dépendants de la Chine, et des USA. Nos référents historiques ( Sanofi, Pasteur) sont aux abonnés absents.

Malgré tous ces handicaps, un espoir très ténu se dessine désormais.

Peut être que, peu à peu, grâce à l’efficacité des différents vaccins, la peur va disparaitre.

Cette peur qui depuis un an ne quitte plus beaucoup les Français et les obsède nuit et jour.

Hervé Le Bras, le démographe, fait appel à la raison et, chiffres à l’appui, nous invite dans le Monde à relativiser l’agression. Il veut nous rassurer et pour cela va jusqu’à la provocation en  affirmant dans le journal du 9 février que «  plus un risque est faible, plus il fait peur » .

En somme, selon lui, c’est un peu « beaucoup de bruit pour presque rien » ! De quoi soutenir les polémiques générées par les sceptiques et les complotistes de tous bords.

Hervé Le Bras risque de ne pas être entendu, d’autant plus que le variant anglais prend progressivement une place dominante, accompagné de ses petits frères sud-africains, brésiliens etc.

L’angoisse n’a pas encore fini de peser sur l’Hexagone.

Il est temps de pouvoir parler d’autres choses !