On le pressentait depuis de longs mois, les Etats Unis sont à l’orée du grand chambardement géopolitique. « Trump n’en est pas la cause, il n’en est que le symptôme » (Dominique Moisi – Les Echos) , au pire l’accélérateur.
Les USA qui depuis plus d’un siècle dominaient le monde, rentrent progressivement dans les rangs.
Leur toute puissance économique est de plus en plus contestée. Et surtout l’exemplarité de la démocratie à l’américaine est presque réduite à néant. C’est un véritable séisme qui vient tout autant de l’intérieur que de l’étranger.
L’erreur serait sans doute de penser que la conflagration est réservée à cette nation. Rien de cela, les pays qui constituaient depuis de longues années ce qu’il était convenu d’appeler le monde occidental (et en particulier la France) sont frappés par ce même tsunami !
La comparaison avec ce qui se passe chez nous est sans ambiguïté. Les mêmes convulsions existent :
– dans les deux pays la Covid fait des ravages. Aux milliers de morts succèdent des crises économiques désastreuses. Tous deux se croyaient sur la bonne voie ( chômage quasi inexistant aux U S , inversion de la courbe en France). C’est désormais la catastrophe avec l’arrivée quasi certaine d’une récession de grande ampleur.
– sur le plan de la politique intérieure on observe des évolutions assez comparables. C’est ainsi que, ici et là-bas, les partis politiques doivent cohabiter avec d’étranges mouvements ( les Evangélistes et les QAnon aux E U ou les Gilets jaunes en France). Dans le premier cas il y a une adhésion quasi totale de ces mouvements aux thèses traditionnelles de l’extrême droite. Dans le deuxième cas c’est un peu plus confus.
A chaque fois il y a un point commun : la contestation, souvent violente, des élites.
Avec toutefois une différence importante. Si ces mouvements sont tous issus des classes aux revenus limités, voire pauvres ou délaissées, cela ne les conduit pas à adopter toujours les mêmes objectifs. C’est ainsi qu’aux Etats-Unis ils mettent toutes leurs forces dans la bataille électorale pour faire élire un milliardaire en proclamant qu’un tel homme habile à diriger les entreprises saura forcément conduire un pays. Postulat bien évidemment inaudible pour la majorité des Gilets jaunes, pourtant semblables à bien des égards à leurs cousins d’Amériques.
la dernière similitude se rencontre au niveau de l’union nationale.
Celle-ci est lourdement en danger dans les deux pays. Progressivement, s’installent des rapports très éloignés de ce que normalement on peut attendre de membres d’une même entité.
C’est ce qui se passe aux Etats-Unis où le scrutin présidentiel n’en finit pas de générer polémiques et menaces. C’est ainsi que Donald Trump aura trouvé le moyen de transformer sa défaite honorable, en premier acte d’une nouvelle Guerre de Sécession… de la folie pure et simple !
En France aussi, on perçoit bien que nous sommes à la veille d’une importante aggravation des fractures. Celles-ci sont d’autant plus importantes que nous avons quitté le domaine strict du politique pour tomber dans celui de l’opposition religieuse.
Encore un peu et notre monde va faire un violent retour en arrière et tomber dans les massacres qu’ont entrainé les Guerres de Religion, il y a plus de quatre siècles. Aujourd’hui cette guerre n’opposerait pas catholiques et protestants mais les tenants de la religion de la laïcité et les musulmans extrémistes.
Si cet affrontement dramatique survient, et se transforme en véritable guerre civile, nous serons alors passés à coté d’une chance exceptionnelle. Celle où la laïcité pratiquée avec discernement, permet non seulement la cohabitation paisible entre toutes les philosophies et croyances mais aussi l’intégration au sein d’une communauté unique.
Ce rêve d’une république indivisible s’éloigne sous les attaques démentielles des extrémistes musulmans. Sur la durée, leurs exactions sont pourtant vouées à l’échec, car les épreuves subies en commun vont inévitablement ressouder l’énorme majorité des citoyens de notre pays.
La démocratie va gagner, en France, dans la plus grande partie de l’Europe et aux Etats-Unis . Alors que , dans le même temps, presque partout ailleurs, la liste des populismes inefficaces et des dictatures hypocrites s’allonge.
Les éditos d'Henri Merle 