
Il y a quelques mois certains pensaient que la crise sanitaire qui s’abattait sur la France était, paradoxalement, une opportunité pour Emmanuel Macron. Il allait pouvoir montrer non seulement ses qualités de gestionnaire mais aussi, et surtout, ses qualités humaines. Qualités dont les Français semblaient douter dans leur grande majorité.
Alors que la grande marée se retire, le paysage politique est toujours catastrophique. Le divorce entre le Président et les citoyens est très loin de s’atténuer.
En témoignent les élections municipales où le « parti » du Président a obtenu des résultats très médiocres. Plus grave encore, la participation extrêmement faible montre que les citoyens se détournent de plus en plus de la démocratie représentative et qu’ils préfèreront privilégier dans le futur, la rue et ses violences. Les gilets jaunes et autres mouvements tout aussi irresponsables ont de beaux jours devant eux.
Cette rupture entre le monde politique et les Français ne date pas d’hier, mais elle semble s’accentuer sous ce mandat présidentiel.
L’actuel occupant de l’Elysée a en effet commis plusieurs erreurs.
D’abord celle d’être incapable de faire surgir, à côté de lui, un parti politique fort qui aurait eu pour mission de faire remonter les aspirations des citoyens. Il est certes de bon ton aujourd’hui de critiquer les organisations partisanes mais on est pourtant bien obligé de constater que, dans notre pays, la démocratie et le pouvoir ne sont forts que lorsqu’un parti ( de droite ou de gauche) les assiste.
Deuxième erreur d’Emmanuel Macron, celle de s’être révélé un très piètre gestionnaire des ressources humaines. On ne compte plus ses proches qui appelés à de grandes responsabilités (Castaner, ou Griveaux par exemple) se sont montrés de médiocres ministres ou de catastrophiques candidats aux élections intermédiaires.
Troisième erreur celle d’avoir conservé trop longtemps à son poste l’actuel Premier Ministre.
Celui-ci, lui a certes permis de prendre à contre-pieds l’opposition de droite qui voyait ainsi un des siens participer au nouveau pouvoir. Mais cette nomination n’a pas eu que des conséquences positives. Comment oublier par exemple l’effet particulièrement négatif de l’installation de la limitation de vitesse à 80 Kms sur les routes départementales, voulue exclusivement par Matignon. La polémique peut paraître dérisoire mais qui peut contester qu’au même titre que la taxe carbone elle a eu un effet très délétère sur l’histoire de ce quinquennat.
Mais surtout, on doit constater que ce Premier ministre n’a pas toujours joué son rôle de bouclier du Président.
Pire, avec cette crise sanitaire on assiste presque à un retournement des rôles : la politique mise en place et exécutée par le gouvernement entraine l’impopularité du Président et génère tout autant et paradoxalement la faveur des Français pour le Premier Ministre. L’affaire des masques et de leurs stocks très insuffisant est à ce point de vue exemplaire. En somme pour les Français c’était au Président de compter les masques et non à ses ministres ! On a un peu l’impression que dans le film qui se déroule devant nous il y a eu une erreur de distribution. Le vrai héros c’est désormais le Premier Ministre.
Une sorte de piège s’est refermé sur le Président.
S’il maintient Edouard Philippe à ses côtés, l’organisation en place continuera à avoir vraisemblablement les mêmes effets délétères à son détriment. Affaibli par le succès de son Premier ministre, il risque alors d’être dans l’impossibilité de se représenter. En somme une fin à la François Hollande année 2017, serait en vue.
S’il change de Premier Ministre, son choix sera vital car le nouveau chef de gouvernement devra rapidement parvenir à déclasser son prédécesseur, en prouvant que le nouvel équipage est beaucoup plus efficace que le précédent.
Cette réussite dans le choix de ce nouveau « collaborateur » sera déterminante.
Mais tout ne sera pas résolu pour autant. Le départ d’Edouard Philippe est lui aussi très dangereux car il y a gros à parier qu’une armée se mettra aussitôt à la disposition de ce dernier. Il s’agira bien évidemment d’une grande partie des LR et des Centristes de droite, partis qui ont fait preuve d’une certaine force lors de ces dernières municipales et qui sont surtout à la recherche d’un candidat incontestable. Il leur sera servi sur un plateau.
Certains havrais au mauvais esprit, pensent depuis longtemps que Dou-Dou (Edouard) est un coucou qui hier s’est installé dans le siège que son prédécesseur ( Antoine Rufenacht) lui avait préparé à la mairie. Beaucoup d’observateurs pensent qu’il est aujourd’hui peut-être prêt à s’installer dans un plus grand nid.