
Le Covid 19 plus personne n’en doute est une agression d’une violence terrible. Il est aussi un révélateur, celui des spécificités des peuples et Etats .
Par exemple le sens de la discipline et de l’unité qui imprègnent le Japon, le Portugal et l’Allemagne. Ceci explique sans doute en grande partie, le fait que ces trois pays soient parmi les moins frappés par la pandémie.
A l’opposé, l’insouciance « latine » des débuts de la crise explique peut-être les tristes records de l’Italie, de l’Espagne. Autres exemples de décalque de la culture des peuples sur l’approche qu’ils ont de la bataille :
-le réalisme dont font preuve depuis toujours les Anglais. Adeptes dès le début de la stratégie dite de l’immunité de groupe, ils ont en quelques heures fait volte-face et adopté la défense par confinement. Que n’aurait-on pas dit dans nos médias si un tel changement avait été décrété par notre gouvernement.
– la suffisance profonde et l’irréalisme « trumpesque » des Américains qui ne se sentent à leur place que s’ils ont l’impression qu’en tous domaines ils sont les premiers. Cette prétention systématique les a conduits à occuper aujourd’hui la place du cancre honteux au fond de la classe.
Et la France ? Comment ne pas admettre que, dans ces terribles semaines, elle est resté fidèle à ses convictions profondes et à ses habitudes.
Dès le début elle s’est crû protégée des dieux et a, de ce fait, tardé à observer un minimum de prudence. C’est ainsi qu’on a privilégié, dès le début, le monde du sport et que l’on a joyeusement fait entrer le loup dans la bergerie. Aujourd’hui accepterions nous que les supporters de la Juventus de Turin envahissent Lyon et son stade et que les supporters du PSG remplacent leur présence dans les tribunes par une fête impressionnante et sans fin devant le Parc des Princes.
Ce n’était qu’un début !
L’union était pourtant nécessaire, le trêve s’imposait. C’était ignorer notre besoin irrépressible de la polémique. Depuis deux mois on a tout entendu. Tout le monde s’est trompé ( gouvernement et oppositions, élites technocratiques et bon peuple innocent par nature) mais nous ne renonçons pas, chacun dans notre coin, à prétendre indiquer le bon chemin. C’est ainsi que l’ancienne ministre de la Santé ( Roselyne Bachelot) est aujourd’hui révérée alors qu’il il y a dix ans elle était vilipendée par tous, sans aucune exception. Et cela pour avoir dilapidé l’argent public, affecté par ses soins à l’achat des équipements qui nous font cruellement défaut aujourd’hui.
Autre handicap de notre pays : l’asphyxie qu’entraine notre sur-administration. Celle -ci est d’autant lourde qu’elle s’appuie sur un principe trop souvent néfaste, le principe de précaution.
Et c’est ainsi que nous sommes très en retard dans le domaine des tests pour la simple raison que nous avons mis, au nom d’un juridisme inadapté à la situation, de nombreuses semaines à accepter que les labos publics départementaux (pourtant remarquablement équipés à l’image des laboratoires vétérinaires) puissent eux aussi participer au travail de détection.
Et surtout, ce poids excessif des arcanes administratives nous a empêché de mettre totalement en action une de nos plus utiles qualités : la créativité.
Heureusement les entreprises et les mairies ont parfois réussi à s’extraire du bourbier. Quel dommage que les secondes n’aient pas encore poussé plus loin leurs initiatives, en particulier dans le domaine de l’aide aux plus défavorisés. Comment expliquer qu’après avoir constaté que les cantines scolaires participaient en période normale à un certain équilibre financier des foyers les plus modestes, elles n’aient pas mis en place la pérennité du service des repas pour les enfants de ces familles ? Pourtant le coût d’une telle opération eut été négligeable dans la mesure où il était déjà provisionné dans le budget éducation des collectivités locales.
Dernier handicap, et il est paradoxal, il réside dans la qualité de notre système social.
Parce qu’il est parmi les plus protecteurs du monde, il ne nous a pas psychologiquement préparé à cette guerre qui n’en finit pas. Nous tremblons parce que, même protégés, nous réapprenons l’angoisse de la mort que nous avions effacer de notre esprit.
Il faut le constater, nous avons de la peine à comprendre et à admettre que le combat sera long et qu’il implique un »aggiornamento » quasi total.Le sens du collectif doit encore être étendu et le temps n’est plus où notre égoïsme peut l’emporter. Nous ne pouvons plus nous contenter de réagir comme les clients capricieux, voire insupportables d’un commerce ou d’une grande surface.
Obsédés par nos exigences de consommateurs nous pensons que nous devons bénéficier d’une ligne de défense infranchissable. L’Histoire nous a pourtant appris, il n’y a pas si longtemps que les lignes Maginot confortables ne peuvent pas résister à la force et la violence des ces Covid 19 qui depuis toujours saccagent le monde. On attend De Gaulle et ses tanks, surtout si dans leurs équipements ils disposent d’un vaccin.