Premier, mais pas le meilleur

Unknown
Le Parisien.fr

 

Il y a un peu moins de 19 ans, l’attaque sur le World Trade Center de New York faisait 2800 morts. Aussitôt les Américains sont partis en guerre, ont éliminé un dictateur mais n’ont pas éteint le feu de l’islamisme.

Il y a quelques jours le Covid19  présentait à son tour aux Américains le monstrueux bilan journalier de son attaque : 4.000 morts.

Aujourd’hui, leur Président parle beaucoup mais malgré ou à cause de ses rodomontades laisse son pays quasi exsangue face à l’agression venue de Chine.

Il y a 6 mois, peu de personnes en doutaient,  les systèmes de santé du monde occidental, par leur excellence présumée, faisaient figure de redoutes infranchissables en cas d’attaques virales.

A s’en tenir aux deux pays que l’on pouvait, il a quelques semaines encore, qualifier des deux meilleurs élèves de l’organisation Mondiale de la Santé, les choses allaient presque de soi : les E.U et la France allaient résister vite et fort. Les sommes d’argent que ces deux pays investissaient chaque année dans le domaine de la santé, devaient normalement leur garantir une vraie force face à ce nouvel ennemi.

Désormais, c’est  clair, on est hélas très loin de l’éradication !

Pourquoi ?

A s’en tenir pour l’instant aux seuls Etats-Unis, on peut même constater  que certains observateurs les stigmatisent comme les présomptueux cancres de la classe.

En effet avec 17,5% de leur Produit Intérieur Brut consacrés aux dépenses de santé, les Etats Unis dominent , et de très loin, les autres pays. Et pourtant l’ignoble ennemi galope à plaisir sur tout leur territoire.

Comment expliquer ce paradoxe ?

Pour plusieurs raisons, dont une assez surprenante pour les Français : de très nombreux Américains renoncent à se faire soigner en temps voulu, faute d’une bonne couverture médicale.

Cette insigne faiblesse n’est pas totalement surprenante car elle est parfaitement cohérente et synchrone avec la base et les règles de l’économie libérale américaine. La recherche et la réalisation du profit constituent l’objectif dominant, l’ assistance sociale vient largement après. Quand la croissance est au rendez-vous, pas de problème, elle se traduit immédiatement par le plein emploi ; dans le cas contraire, c’est immédiatement le développement du chômage de masse qui laisse sur le carreau des millions d’Américains. C’est aujourd’hui le cas et l’on assiste à une véritable explosion du nombre de chômeurs sous l’effet délétère du Covid 19 qui met à l’arrêt un nombre considérable d’entreprises.

Ce constat de faiblesse peut étonner, compte tenu du pourcentage de leur PIB consacré  au secteur de la santé. Ils sont  ( avec 17,5% ) les premiers de la classe ; Suisse, France et Allemagne viennent très loin derrière (11%).

Mais le concept de P I B , apparemment objectif, n’est parfois qu’un leurre.

En effet le Produit Intérieur Brut ne parle que de création de valeur ( ici  dans le domaine de la santé) mais en aucune façon de la politique développée par chaque nation en faveur de tous ses concitoyens ; production mais pas répartition. Une analyse du budget de ces mêmes Etats, permettrait une connaissance plus complète et plus objective. Avec le PIB on ne fait que la somme des valeurs enregistrées chaque année dans tel ou tel domaine de production, mais on méconnait l’affectation de cette croissance.

Un étude relativement récente, de l’OCDE montre que les Américains  dépensent «  plus du double des pays européens les plus riches ( France, Allemagne, et Royaume-Uni) pour couvrir leurs dépenses de santé. Mais la réalité du terrain est simple et brutale : le meilleur des soins ( nouvelles méthodes, nouveaux appareils, nouvelles compétences) a été accumulé chez l’Oncle Sam mais il est « individualiste ». Pour en profiter chaque citoyen doit payer directement avec son compte en banque ou au moyen de contrats d’assurance infiniment onéreux.

En somme le slogan est simple : « le pays peut fournir le meilleur pour votre santé. Si vous avez des dollars vous aurez beaucoup en retour. Mais attention, si  vous êtes seul, sans emploi, la chute sera dure, sauf à vous endetter jusqu’à la fin de vos jours ».

Brutal comme l’économie libérale la plus violente peut l’être, le système de santé américain n’est pas le plus efficace pour lutter contre la pandémie qui se développe aujourd’hui. Il est trop déséquilibré. Cela explique en grande partie, les monstrueuses fosses communes, creusées à la hâte dans l’ile new-yorkaise de Hart Island.

Barak Obama voulait réformer le système de la santé aux Etats Unis, Donald Trump n’a eu de cesse que d’enterrer cette réforme. On voit le résultat.