
Personne ne voulait y croire : la submersion de la totalité de la planète par le Covid 19 n’est plus qu’une question de semaines, voire de jours. Les octogénaires et autres vieux Français auront réussi le doublé : connaître la deuxième guerre mondiale et supporter une pandémie qui atteindra peut-être la violence de la Grippe espagnole ( elle aussi venue de Chine malgré son nom trompeur).
Cette « invasion » monopolise presque toutes nos pensées. Mais restent quand même des interrogations qui relèvent du domaine politique.
La première de celle-ci : notre très jeune Président va-t-il être à la hauteur de sa tâche ? Va-t-il être un bon chef de guerre?
Nous connaîtrons la réponse à la fin des hostilités. Pour le moment on peut simplement estimer, au risque de choquer, qu’elles sont pour lui une véritable opportunité. Celle qui pourrait lui permettre de quitter sa défroque de gamin surdoué. Défroque et image qui n’en finissent pas de le pénaliser dans l’opinion publique, on le ressent de plus en plus fortement. Pour qu’il redevienne vraiment audible par nos concitoyens il faut que l’empathie domine et celle-ci ne surgira que s’il parvient à vraiment affronter l’adversité.
Autre exemple d’interrogation de nature politique : le Président devait-il reporter le Ier tour des élections municipales ? La prudence et la cohérence l’exigeaient mais c’était sans compter sur la pression des partis de droite et de gauche qui voyaient venir dans cette élection le temps de la revanche. Ces mêmes partis ( Président du Sénat en tête), qui le nient aujourd’hui, n’auraient pas manqué d’instruire son procès en autocratie si les élections avaient été retardées.
Autre interrogation : la France était-elle prête à affronter l’épidémie ?
Cela paraissait presqu’une évidence tant il était clair que nous disposions d’un corps médical d’excellence, d’une organisation sanitaire soudée parce que centralisée et selon toute évidence d’un équipement largement suffisant. Ce tableau était trop beau . Il y avait un « bug », un incident, une bêtise énorme : la disparition de masques vraiment adaptés en nombre et en qualité à l’attaque des blindés de l’armée covidienne. Nous avions déjà affronté une première attaque de virus en 2010 et la ministre de l’époque avait fait le nécéssaire. Mais l’épidémie n’ayant pas eu lieu, on avait alors assisté à l’union sacrée des humoristes, des commissions parlementaires, de Bercy, de l’Administration qui avaient exigé la réduction drastique du nombre de masques. Madame Bachelot avait été ridiculisée, mais aujourd’hui ses censeurs de l’époque ( députés socialistes en tête) rasent les murs et sont aux abonnés absents.
Toutes ces interrogations, et bien d’autres encore, sont du pain béni pour notre appétence immodérée pour les polémiques. Mais, heureuse surprise, ce n’est pas le déferlement que nous pouvions redouter.
Les partis et responsables politiques sont actuellement dans la retenue. C’est une bonne chose car la majorité des Français condamnerait nos habituelles bagarres de chiffonniers.
Restent malheureusement la perversion des irresponsables réseaux sociaux et aussi la dérive égotiste de certains philosophes qui voient dans le drame qui est en train de se jouer la merveilleuse occasion d’endosser le costume d’imprécateur et de justicier.
Un bon exemple de ce type de penseur nous est donné par le philosophe Michel Onfray . Dans un premier article il prétend, contre toute évidence, que le journal Le Monde est sorti de son rôle et a osé commettre un scandaleux publi-reportage pour défendre Agnés Buzin qui pourtant mérite selon lui d’être attaquée pour autre trahison.
Puis, dans un autre de ses écrits, il conseille à tous les Français ( dont c’est évidemment la lecture quasi quotidienne !) de lire Marc-Aurèle, Sénèque et bien sûr Montaigne. Toutefois Il nous évite de rire de cette préconisation en précisant à la fin de son article (instant fugace de réalisme et de modestie), « que le simple exercice du bon sens suffit bien à qui fait fonctionner son intelligence ».
Aujourd’hui les Français, devant le danger et malgré leurs habitudes d’ égoïstes patentés, se rapprochent les uns des autres, renouent le dialogue entre proches, amis ou inconnus. Dans ce contexte ils apprécieront baucoup et sans aucun doute le jugement du sage Jean-François Kahn, le fondateur de Marianne, qui fustige « les savants » qui profitent de la crise du coronavirus pour faire passer leurs idées, « ramener leur science » et dire à quel point ils ont raison.