La Chine et le docteur Knock

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Ouest-France

 

Au début on en souriait un peu, aujourd’hui on tremble. L’épidémie venue de Chine se répand dans le monde entier à grande vitesse. Quasiment inarrêtable, comme l’étaient il y a quelques mois les feux de forêts qui ravageaient le bush australien.

Les Italiens, les mauvais élèves de l’Europe, se cachent dans leur botte, l’ économie menace de s’effondrer, les Français commencent à intenter des procès à leurs gouvernants, Trump ne croit plus au père noël des premières chaleurs printanières. Enfin nous paniquons en imaginant le cauchemar que serait, pour le monde entier, l’Afrique enrôlée à son tour dans cette farandole du diable.

Et maintenant, nous prenant totalement de court, un rayon de soleil : l’annonce par Pékin de la décélération rapide de l’épidémie qui sévissait en Chine,  il y a encore 72 heures . A en croire les autorités chinoises, l’affaire est en voie de règlement.

On le sait depuis toujours, les régimes autoritaires vont très vite pour régler les problèmes susceptibles de ternir leur image. Dans un cas on emprisonne les contestataires sans vrai procès,  dans un autre on éradique une épidémie en isolant des dizaines de millions de personnes. On s’attendait à des chiffres monstrueux compte tenu de l’importance de la population chinoise. Rien de tout cela, l’épidémie s’est fracassée contre la grande muraille .

Trop vite , trop beau pour être vrai dirons certains. Leurs doutes ne sont pas forcément condamnables. Leur scepticisme est en quelque sorte la contre- partie des défauts du régime qui règne à Pékin.

Le premier de ces défauts c’est le secret toujours cultivé par les successeurs de Mao. Dans le cas du coronavirus il a été utilisé avec la plus grande détermination et à grande échelle.

Que n’aurait-t-on pas dit si l’un des pays européens avait caché pendant plusieurs mois l’arrivée de cette maladie ? Qu’aurait-t-on dit encore si nos gouvernants avaient violemment sanctionné le médecin lanceur d’alerte, en le traitant comme un traitre parce qu’il avait osé sonner l’alarme ?

Cette culture du secret a très rapidement été confortée par le développement de la propagande.

Sans grande surprise on nous a vendu l’inimaginable : la construction de milliers de places d’hôpitaux, en à peine deux semaines. Les reportages des médias occidentaux ont remis les choses en place : la réalité ce sont les très nombreuses et très médiocres structures de soin qui occupent la plus grande partie du territoire chinois.

Aujourd’hui nous ignorons beaucoup de choses sur le commencement et la fin annoncés de cette épidémie en Chine. Mais une chose apparaît clairement : il vaut mieux avoir nos structures de santé que celles installées dans cet immense pays.

Comment peut-il en être autrement, observait récemment l’économiste Christian Saint Etienne, puisque la Chine ne consacre à ce secteur que 4 % de son produit intérieur brut alors que pour les pays, comme la France, l’effort est d’au moins 12 % ?

Conséquence inévitable de ce différentiel : les Chinois sont les champions du monde de l’épargne puisque leur santé est très insuffisamment protégée par l’Etat.

Dommage pour eux, dommage pour nous qui partons déjà avec un sérieux handicap, les élucubrations de Donal Trump. En effet celui-ci a décidé de jouer les « docteurs Knock » en sortant de dessous sa perruque deux ordonnances farfelues applicables aux seuls Etats-Unis : le virus ne résistera pas au soleil du printemps et les seuls européens désormais admis sur le territoire américain seront les Anglais. Comme si les eaux de la Manche constituaient une formidable potion magique.