
Les usagers des services publics n’en reviennent pas. Plus de problèmes pour aller au travail. Plus de grèves. « La France Insoumise » a pris le relais à l’Assemblée Nationale en faisant obstruction avec ses milliers d’amendements au débat sur la réforme des retraites.
Jean-Luc Mélenchon et sa petite troupe jouent gagnant. Si le texte est adopté grâce à l’utilisation de l ‘article 49-3, ils pourront toujours dire que l’arbitraire l’a emporté .
Au delà de ces péripéties, comment expliquer le climat social particulièrement lourd qui plombe l’atmosphère de notre pays ? La réponse n’est pas simple car nous sommes en face d’une situation paradoxale.
En effet comment comprendre cette profonde « mauvaise humeur « des Français alors que notre pays, s’il n’est pas parfait, est pourtant sur le plan social un des pays les plus protecteurs qui soient.
La plupart des observateurs pensent que cette aigreur, ces cris d’injustice trouvent leur origine dans trois sources : les inégalités territoriales, l’insuffisance de progression sociale entre parents et enfants, et surtout la hausse du coût du logement.
Ces leviers du mécontentement sont indiscutables, mais ils sont incomplets. D’autres éléments existent, moins économiques, mais tout aussi puissants.
Le premier n’est pas vraiment une surprise, il est du à la personnalité profonde et constante de ce pays.
Nous nous considérons comme le phare de l’humanité et de ce fait, inconsciemment, nous estimons que nos semblables doivent se plier à nos approches et à nos leçons. C’est le cas en matière de retraite.
C’est ainsi que si les autres pays prennent en compte, pour fixer l’âge de départ à la retraite, l’augmentation de l’espérance de vie, ils se trompent ! Ils doivent faire comme nous, abaisser toujours l’âge de départ.
Nous sommes seuls contre tous, pas d’importance puisque par définition nous avons toujours raison.
Deuxième élément : l’action syndicale la plus ringarde qui soit est chez nous à la manoeuvre.
Le discours syndical tel qu’il a été établi, il y a un siècle, par la philosophie marxiste a aujourd’hui pratiquement disparu partout dans le monde.
A une exception, celle de la France, où la CGT, malgré son essoufflement, continue à maintenir les blocages.
Avec une particularité très négative. Désormais elle fait tout pour protéger sa clientèle la plus fidèle, celle des privilégiés, celle des « salariés à statut », comme il en existe à la SNCF.
Il en va de même pour les dockers qui font encore la pluie et le beau temps dans nos grands ports. Leur syndicat n’hésite pas à asphyxier ces énormes structures quitte à faire fuir le trafic vers les concurrents situés en Espagne, en Italie, en Belgique, aux Pays-Bas.
Toute notre économie est atteinte par ce jusqu’au-boutisme irresponsable. On ne peut hélas que le constater.
Il est plus que temps qu’un syndicalisme moderne et pragmatique s’insère dans nos relations sociales.
Hélas ce n’est pas demain la veille, malgré les efforts importants des syndicats réformistes !