Pour le reste du Monde les Français ne sont jamais contents.
Ou, dit autrement, nous sommes les rois du pessimisme !
Ce pessimisme est profond, mais aussi très paradoxal.
Il est paradoxal car beaucoup d’éléments, chiffres à l’appui, devraient nous convaincre que la situation n’est pas désespérée et qu’au contraire c’est l’optimisme qui devrait l’emporter.
Nostalgiques des années, surnommées « les Trente glorieuses », nous n’avons de cesse de critiquer la période que nous traversons aujourd’hui . Elle ne mérite pourtant pas notre pessimisme.
Quelle est la réalité ?
L’INSEE vient, dans une étude de fin 2019 ( « France portrait social ») de dresser un portrait complet de notre situation. Les chiffres sont spectaculaires
Quelques exemples tirés de cette centaine de pages:
1 -le niveau de vie a progressé de 69% entre 1975 et 2017. Et cela malgré la crise économique très violente qui a secoué le monde en 2008.
– 2eme exemple tout aussi important. Cette amélioration a été accompagnée du maintien d’un principe auquel les Français sont très attachés, celui de l’ascenseur social.
Contrairement à certaines affirmations, cet ascenseur, référence s’il en est de notre République, est encore là et bien là !
C’est ainsi à titre d’exemple que 28% des hommes ont vu leur qualification s’améliorer par rapport à celle de leurs pères alors que ce chiffre bondit à 40% pour les femmes par rapport à leurs mères.
3 eme exemple avec l’espérance de vie dans notre pays. Elle est l’une des plus hautes de l’Union Européenne.
Enfin dans le domaine de la santé, la France se signale par un très faible reste à charge. Cet avantage constitue en réalité une sorte de revenu différé que nous envie bien des pays
L’INSEE multiple les exemples, et jusqu’à preuve du contraire ces chiffres n’ont jamais été sérieusement contestés.
Ces statistiques démontrent que notre pessimisme sur l’état de notre pays est plus que largement injustifié.
Comment alors expliquer ce paradoxe spectaculaire ?
Les raisons sont nombreuses. Il n’est pas question de les passer ici toutes en revue. On peut en retenir au moins deux :
1 -nous sommes sous l’emprise d’une information qui, pour séduire, agit de plus en plus sans contrôle et sans éthique. C’est manifestement le cas avec la montée en puissance des réseaux sociaux. Ces derniers étant plus largement accrocs au spectaculaire qu’à la réflexion ou à l’objectivité.
Ils répandent souvent un virus sans vaccin qui fait que l’on ne croit plus à grand chose, et surtout pas aux discours des hommes politiques.
2- la frustration de beaucoup de citoyens face à la toute puissance des « élites sachantes ». Les premiers se disent incompris, voire méprisés. C’est parfois vrai. Les seconds ne perçoivent pas toujours la nécessité du rapprochement, du langage simple et de l’empathie
Question : ce fossé entre les deux univers peut-il être comblé ?
On peut en douter.
C’est peut-être la raison profonde et structurelle de la rancoeur qui enfle et du pessimisme ambiant .
Comment cette France au moral de vaincu peut-elle encore prétendre, avec ses incroyables habitudes, servir d’exemple à tous les pays du Monde ?