
Les Français, spécialistes « es » discorde, ont aujourd’hui au moins un point d’accord : la réforme des retraites, apparemment simple, est en réalité d’une complexité folle !
Quels sont les emblèmes de cette réforme si difficile à mettre en place ?
Surnage de la pagaille deux piliers :
– une méthode : le cumul des points acquis tout au long d’une carrière professionnelle, remplacera les trimestres. La moindre heure travaillée génèrera un droit.
– une certitude: pour être viable, ce nouveau système devra assurer ( comme c’est en principe l’objectif actuel) son équilibre financier.
Ce dernier principe n’est pas évident à atteindre car l’évolution démographique réserve à notre système par répartition un piège redoutable.
En 1960 on comptait 4 actifs pour financer une seule retraite ; aujourd’hui il n’y en a plus que 1,7. Ces chiffres devraient éviter toute démagogie. Il n’en est rien hélas puisque certaines bonnes âmes croient avoir trouvé la solution en prônant dans la même foulée : augmentation des salaires et abaissement de l’âge de départ à la retraite. A ce niveau là, on est en droit de se demander si ces démagogues ne confondent pas Ministère des Finances et la scène de l’Olympia !
Que va-t-il se passer ?
Après plus de deux ans de discussions plutôt paisibles, on est rentré ces dernières semaines dans la bagarre politique.
Les masques sont tombés, c’est quasiment à une lutte pour le pouvoir à laquelle nous assistons.
On peut même parler de 2 fronts simultanés .
Le premier , c’est celui qui oppose syndicats contestataires et syndicats réformistes.
Les premiers ont toujours été portés par l’idéologie. Les seconds ont rangé au vestiaire l’idéologie révolutionnaire et veulent s’intégrer dans une démocratie sociale, débarrassée des fantasmes marxistes du 20 em siècle . C’est la désunion quasi totale, qui va aller crescendo
Le second front est encore plus violent, loin des conflits ordinaires
Il s’agit désormais de la contestation du pouvoir légitimement élu.
Grèves et manifestations n’ayant pas entrainé l’adhésion pleine et entière du pays, les contestataires changent de tactique, la violence monte en puissance. On ne sait où elle s’arrêtera. Manifestement pour certains irréductibles la complainte « Macron démission » doit se terminer par les grincements de la guillotine!
Les nouveaux guerriers légitiment cette fureur en parlant de révolution.
Les attaquants rejettent tout compromis. Pour eux c’est le tout ou rien.
Qu’en sera-t-il si, demain, comme c’est probable, le projet est adopté par le Parlement ? On peut désormais et légitimement craindre le pire en matière de paix civile !
Or cet extrémisme n’est pas justifié car notre démocratie offre aux actuels opposants survoltés ( syndicats et partis populistes) une porte de sortie paisible et efficace : les élections présidentielles et législatives qui se profilent à l’horizon 2022, c’est à dire presque demain ( la preuve, les déclarations de candidature font déjà florès). Lors de ces scrutins ils pourront mettre sur la table le nouveau système des retraites ; aux citoyens de trancher.
Si leur camp sort vainqueur de la confrontation, ils pourront en toute légalité revenir totalement sur la réforme en débat .Mais cette probabilité de victoire est faible !Car la violence d’ aujourd’hui, qu’ils ont suscitée ou tolérée, est loin de répondre à l’attente de la majorité des Français. C’est en tous les cas le voeu que l’on peut faire tant que la démocratie règne dans notre pays.