
Ce 5 décembre la France vient de pénétrer dans un tunnel.
Et les Français ne doivent pas se faire d’illusion ; la traversée sera longue compte tenu des défis à surmonter.
Le projet de réforme des retraites a pourtant fait l’objet de discussions préalables interminables. Mais il a deux défauts essentiels :
– il est trop complexe car non seulement il remet en cause la totalité du système en place, mais il veut aussi, dans le même élan, résoudre l’ensemble des problèmes financiers existant à ce jour.
Bien malin est celui qui navigue à l’aise dans tout ce brouillard.
Cet embrouillamini fait fleurir les interprétations et les approximations farfelues ou mensongères.
– Il est dénonciateur car en posant en principe que désormais le même montant de cotisation donnera à terme la même retraite, il met sous les projecteurs certains avantages spectaculaires des actuels régimes spéciaux.
En définitive, l’opacité des textes en préparation peut laisser penser aux moins favorisés que leur retraite actuelle est en danger, et que dans ces conditions il est normal qu’il y ait convergence avec la lutte entreprise par les bénéficiaires privilégiés des régimes spéciaux.
Aujourd’hui ces derniers sont sur le point, (les derniers sondages le laissent penser), d’avoir réussi à embrigader les salariés de droit commun.
Ce qui est d’autant plus paradoxal que ces derniers participent, par leurs propres impôts, au paiement des énormes déficits provoqués par les avantages hors pair, des divers régimes spéciaux.
Désormais nous sommes rentrés dans une guerre de tranchée.
Elle oppose
d’un côté des syndicats qui démontrent encore qu’ils ne sont pas prêts à accompagner une démarche réformiste
et d’autre part un gouvernement trop technocratique et provocateur.
Il faudra pourtant sortir de ce blocage.
C’est peut-être la contestation de la rue et la violence, d’où qu’elle vienne, qui apporteront la triste solution.
Mais que gagnerait la démocratie dans cet entêtement réciproque? Rien !
Un compromis, qui ne serait pas un renoncement, est-il encore possible?
Oui, peut-être !
Mais Il impliquerait, pour l’immédiat, un changement de rythme.
Et pour cela il faudrait d’abord installer le système à points ( la CFDT le premier syndicat de France y est favorable).
Puis, ensuite, s’attaquer très progressivement aux déficits.
Cette approche ferait craquer le front commun qui est largement artificiel.
Et ainsi l’économie française pourrait respirer.
En somme Emmanuel Macron, en allant vers les positions du Syndicat de Laurent Berger, ne ferait qu’admettre qu’on ne peut pas avoir raison contre tout le monde. Ainsi, Il ferait sien le précepte de Machiavel selon lequel« il faut diviser pour mieux régner » !
Principe bien adapté à l’état actuel de la France.
En effet comment faire autrement dans un pays qui, de plus en plus se laisse séduire par les déclarations irresponsables des « grandes gueules » des bonnets rouges ou gilets jaunes ». Ce même pays qui n’a que répulsion pour les démarches rationnelles des élites technocratiques qui nous gouvernent encore. Ces mêmes élites qui ont la prétention délirante d’appliquer le programme qu’elles ont présenté au peuple lors de la campagne électorale.
En somme, un vrai cauchemar !