Le 5 décembre

Unknown
France TV Info

 

Il n’y a pratiquement plus aucun doute. La CFDT vient elle aussi de déposer un préavis de grève reconductible : la paralysie totale du pays est assurée pour le 5 décembre.

Ce mouvement, s’il est reconduit plusieurs jours, sera dévastateur pour le pays. Au surplus il va, peut-être, entériner la défaite définitive des deux adversaires qui, à un moment donné de leur affrontement, ont pu croire qu’ils avaient gagné la partie : les Gilets jaunes et le Président de la République.

          Pourquoi envisager la défaite des les gilets jaunes ?

Pour 2 raisons

-ils sont de moins en moins nombreux et les survivants du mouvement sont désormais phagocytés par l’ultra-gauche qui a totalement dénaturé leur mouvement

– deuxième raison de leur défaite : la retour au premier plan des syndicats classiques.

Ceux-ci ont longtemps été à la traine, quasiment déboussolés par ce type d’action aussi originale qu’inattendue. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Tout se passe comme si, le terrain ayant été déblayé, les syndicats, s’emparent des rennes de la contestation.

Les gilets jaunes sont rétrogradés au rang de seconds rôles ; alors que ce sont eux qui ont, en quelque sorte, montré le chemin. Désormais ils se trouvent enfermés dans une sorte de paradoxe pernicieux.

Hier ils jalousaient et méprisaient les « élites ». Aujourd’hui ils vont soutenir des syndicats qui sont pourtant les porte-paroles d’une autre élite, les salariés objectivement privilégiés.

En effet quels sont les points communs entre les occupants des ronds points et les salariés de la SNCF ?

Les premiers prétendaient tirer le diable par la queue.

Les seconds cumulent salaires corrects, un régime spécial de retraite particulièrement avantageux, et autres divers acquis, parfois totalement injustifiés comme l’indique la Cour des comptes dans un récent rapport*. 

Dans ce cas précis, la concordance des luttes va ressembler à une plaisanterie de mauvais gout. Ils n’ont pas fini de comprendre qu’au final, mais aussi depuis le début, ils n’étaient que les mandataires de la plupart des autres catégories sociales .

Pourquoi parler de possible défaite du Président ?

Parce qu’avec cette grève, illimitée dans son principe, on s’achemine vers le tout ou rien.

Si l’opinion publique apporte son soutien complet à ce mouvement, le gouvernement devra renoncer à son projet de réforme sur les retraites.

Autant dire, abandonner tous les autres projets. Ce sera la généralisation de l’impasse.

L’autorité du Président est aujourd’hui, sans cesse contestée, alors que pourtant le chômage diminue et qu’en réalité le niveau de vie général augmente .

Si demain le mouvement de grève triomphe, la France sera ingouvernable. Et l’on imagine les difficultés qui aussitôt se multiplieront pour sortir de cet état. Tout sera alors possible et surtout une vraie descente aux enfers pour ce pays de plus en plus fracturé et divisé en multiples chapelles.

Dans les difficultés actuelles, le Président y a sa part.

Cela tient sans doute à sa personnalité, à sa formation, à son parcours. Certes il séduit encore, et solidement, plus du tiers de nos concitoyens. Ce qui n’est pas rien. Mais cela ne suffit pas.

En fait, et trop souvent, les Français ne le comprennent pas, car son discours est soit provocateur soit indigeste par sa longueur et sa technicité.

D’où des attaques, ridicules et haineuses parfois, venues de toutes parts.

Mais que ses adversaires ne se fassent pas trop d’illusion ; eux aussi, les gilets jaunes l’ont suffisamment proclamé, suscitent leur lot de critiques acerbes. Et leur union temporaire n’illusionne pas grand monde.

Si le mouvement du 5 décembre est au bout de quelques jours un échec, c’est au minimum, une remise en cause profonde de notre culture syndicale qui sera réclamée.

C’est certainement l’intérêt de notre pays.

 

 

*Le pooint.fr 19/11/2018