
Par deux fois, les morts viennent de convoquer Emmanuel Macron sur le devant de la scène.
-D’abord Jacques Chirac.
-Ensuite 4 policiers dont les cercueils, alignés dans la grande cour de la préfecture de police, ont envoyé un message sans ambiguïté : la France est une proie .
Ce mardi, tout était à l’unisson : la pluie qui cinglait les cercueils, le silence lourd et, toute proche Notre Dame de Paris qui, fracassée et malade, dominait de ses tours la cérémonie.
A regarder le Président on a très vite compris que désormais, il s’affirmait chef de la nation et voulait exprimer son pouvoir régalien le plus élevé, celui de faire la guerre.
Il n’a pas prononcé le discours classique de ce type de cérémonie. Au delà des paroles, sont visage disait tout. Au moins autant qu’aux Français , c’était à leurs ennemis qu’il parlait.
C’était une colère brute qui l’habitait. Tout le monde a été interpellé : le gouvernement, toutes les administrations, mais surtout tous les Français.
D’une certaine façon devant cette colère sourde qui dépassait la compassion due aux victimes, on ne pouvait que penser à notre hymne national qui prévient nos ennemis. Il n’est plus question de simple patience, de sagesse. Désormais la France consacrera toutes ses forces pour faire disparaitre ceux qui « viennent jusque dans vos bras égorger vos fils, vos compagnes ».
Certains bons esprits seront choqués par ce message très clair.
Ils jugeront cette colère trop excessive et inappropriée. En particulier, parce qu’elle élève la vigilance en arme indispensable, décisive.
Les risques sont grands en effet de voir cette vigilance, proclamée arme essentielle, se transformer parfois en délation. C’est à dire en manipulation, en dénonciation pour l’intérêt méprisable de ses auteurs.
Mais doit-on pour autant fermer les yeux ? ne rien dire, ne rien faire ?
Non, et pour deux raisons :
-la première : notre Justice malgré tous ses défauts nous évitera nos éventuelles dérives et sanctionnera les délations
-parce qu’il y a très grande urgence.
En effet la France, qui s’est bâtie sur le principe de l’unité la plus totale, voit chaque jour davantage le communautarisme se développer au détriment de l’unité républicaine.
La France est devenu un archipel comme l’intitule Jérome Fourquet, le directeur du département opinion de l’Ifop. Et dans cette « nation multiple et divisée » il est de plus en plus difficile de percevoir les mouvements pernicieux qui désormais dénaturent notre sol.
D’autant plus que nous avons un handicap considérable, rare chez les autres pays cibles du terrorisme : nous sommes les anciens colonisateurs de pays musulmans.
Cette tare que nous transmet notre propre histoire est du pain béni pour les propagateurs du terrorisme religieux. Ceux-ci peuvent utiliser les rancoeurs du passé pour mieux détruire notre maison commune, bâtie depuis la Révolution sur le principe de laïcité.
La leçon est claire, la guerre ne sera évitée que si le communautarisme recule. C’est l’affaire de tous.
Et les musulmans modérés sont en première ligne pour que notre pays puisse gagner cette bataille si difficile.