
Il paraît que les Français sont cartésiens, c’est à dire logiques, toujours guidés par la raison. Quelle erreur !
En France, l’irrationnel l’emporte souvent sur la raison. Ceci explique en grande partie les psychodrames qui ces derniers mois agitent notre pays.
L’actualité nous fournit de très nombreux exemples de ce phénomène, bien ancré dans notre culture.
On se contentera d’en aborder deux, très récents.
Le premier est donné par le débat sur les retraites qui vient de commencer.
Fidèles à notre devise républicaine nous ne cessons de vénérer, en paroles, le principe de l’égalité intangible entre tous les citoyens. Il n’empêche que nous nous libérons assez souvent de cette obligation.
C’est ce qui explique, entre autres raisons, qu’il n’y a pas de front uni pour mettre un terme aux régimes spéciaux de retraite.
Ces derniers sont très nombreux : une quinzaine, soit plus de 4,5 millions de pensionnés c’est à dire le quart de l’ensemble des retraités.
Parmi ces oasis, on peut citer :
celle qui permet aux salariés de la RATP de partir 7 années avant les autres salariés !
Mais aussi celle des fonctionnaires qui voient leur retraite basée non sur le salaire moyen des 25 dernières années,
( comme c’est le cas pour les autres salariés) mais sur les 6 derniers mois, quasiment toujours les mieux rémunérés. On peut même remarquer que par ces promotions de dernière minute ( véritable dopage des pensions), c’est aussi le coût des services actifs qui lui aussi est augmenté.
Ces deux situations, parmi d’autres, ultra favorables ont un point commun : c’est l’Etat, et donc les contribuables, qui paie au final ces avantages exceptionnels, tout à fait contraires à notre égalité proclamée.
Autre exemple du reniement de nos contradictions irrationnelles : l’affaire Balkany.
Une énorme majorité de Français manifestent ( les sondages en sont témoins) leur méfiance, voire leur mépris pour les hommes politiques. Ils leur reprochent des avantages indus et la confusion de leur patrimoine privé avec celui de la sphère publique.
Mais les habitants de Levallois sont en train d’innover, de montrer que les Français ne sont pas toujours « sectaires » et qu’il y a des adaptations possibles avec la morale.
Pourtant, en général, rigoureux sur les principes, les administrés de Patrik Balkany n’en pensent pas moins que, dans ce cas particulier, il doit y avoir une justice à géométrie variable . A l’image de la mafia qui, ailleurs, a instillé insidieusement ce type de poison depuis longtemps. En somme puisque leur maire a multiplié les cadeaux à leur profit, il ne doit pas selon eux, subir le sort commun. La faute est capitale mais la punition doit être édulcorée.
Il ne doit pas aller en prison. Et qu’importe ses splendides résidences de Marrakech et de Saint-Martin!
Sans peur du ridicule, leur gratitude les conduit à dépasser la raison et le droit, valeurs que pourtant a voulu instaurer la République dans ses fondements les plus profonds.
En somme l’égalité pour tous les Français c’est bien, mais l’individualisme c’est encore mieux.
Encore un peu et nos gilets jaunes voudront ajouter ce précepte à la devise de la République, dans le cadre bien évidemment d’un Référendum d’Initiative Populaire.