La moustache en berne

Unknown
Le Point

 

Le ministre de l’Intérieur a confondu, le 1er mai, attaque et intrusion à propos de l’Hôpital de la Pitié-Salpétrière. 

Sa précipitation a donné du grain à moudre à toute la presse qui s’est régalée de la polémique qui , aussitôt, a surgi. Dommage ! Il y avait beaucoup plus important à commenter. En effet le 1er mai, on a vraisemblablement assisté à l’accélération de la chute d’un de nos dinosaures, la C G T.

La mort attendra encore, mais elle est là, presque, au bout du chemin.

Déjà rétrogradée au deuxième rang des syndicats, la Centrale vient de connaitre une nouvelle mésaventure. Le défilé devait être sa fête annuelle, rien de cela. Ce n’est plus elle qui mène le bal. Elle n’a été qu’un second rôle, refoulée derrière les gilets jaunes et laissée sans réelle protection par un faible service d’ordre limité dans ses effectifs. Quel symbole !

Ce grand syndicat, est en train de s’étioler. Le chemin est encore long, mais le déséquilibre fatal est désormais là, bien visible.

Un rétablissement est-il encore possible ?

On peut en douter car la vieille centrale de Montreuil est cernée de toutes parts. Doit-elle accentuer une démarche réformiste? Ou au contraire doit-elle revenir à l’action proprement révolutionnaire que lui avait inculquée son maître, le Parti communiste ?

                 Pour ce qui est de l’axe réformiste il semble bien qu’elle ait manqué l’occasion. La CFDT a pris les devants, elle est là et bien là. Par son sérieux, et sa modernité elle est désormais installée au premier rang.

Quant au positionnement quasiment révolutionnaire, il semble là aussi que les choses deviennent très compliquées.

Il y a six mois encore, la logique voulait qu’au final, la C G T tire les marrons du feu du mouvement des Gilets jaunes ; on en est loin aujourd’hui car ce mouvement a fait la démonstration que l’on peut obtenir beaucoup , sans passer par l’ intégration dans les troupes de Phillipe Martinez.

Pour cette raison le parallélisme avec l’évolution récente du P C s’impose. Hier la présence du parti de Gorges Marchais paraissait indispensable à la Gauche ; aujourd’hui il n’est même pas une  garantie d’authenticité. De la même façon hier la présence de la C G T valait garantie de force dans les luttes sociales ; aujourd’hui sa présence est presque devenue un frein.

La centrale de Philippe Martinez ne doit pas se faire trop d’illusions car trop souvent elle est la porte-parole d’ une clientèle très attachée à ses droits acquis ( fonctionnaires, régimes spéciaux, dockers etc ..) et, en conséquence, peu motivée par le mythe du Grand Soir !

Reste enfin une question fondamentale pour le court terme : cette grande faiblesse de la CGT est-elle de nature à faciliter la renaissance d’Emmanuel Macron ? Va-t-on, enfin, pouvoir aller vers des rapports sociaux à l’allemande ?

Rien n’est moins certain malgré une apparente logique qui voudrait que la modernité syndicale représentée par la C F D T, nouveau numéro 1, ne puisse que s’accorder avec la modernité politique que veut installer Emmanuel Macron. Pour le moment c’est tout le contraire qui se produit, la méfiance s’est installée, largement par la faute du Président, qui a cru pouvoir accélérer le mouvement  sans trop se soucier des moeurs et habitudes des corps intermédiaires. Mais les choses peuvent évoluer puisqu’en réponse à la conférence de presse d’Emmanuel Macron, Laurent Berger a immédiatement reconnu que le chef de l’Etat « avait infléchi son discours ».

  •             En refusant de participer ce lundi à la rencontre entre le Premier Ministre et les corps intermédiaires, la C G T a surtout montré qu’elle n’était plus le maître de l’univers syndical.

Dommage pour elle ! Mais tant mieux pour Philippe Martinez car toute la presse aurait peut-être pu constater que  ses fameuses moustaches étaient désormais en berne !