La notoriété imprévue

Est Républicain
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Aujourd’hui il faudrait avoir le talent de Madame de Sévigné pour rédiger cette chronique.

Elle l’aurait commencé en nous affirmant qu’elle allait «  nous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus singulière, la plus extraordinaire, la plus incroyable, la plus imprévue !

Cette chose imprévue existe aujourd’hui. Elle est désormais évidente et peu contestable.

Depuis des semaines, la ville du Puy et le département de la Haute-Loire sont entrés dans la liste des zones géographiques les plus souvent citées par les différents médias.

Hier, n’en déplaise à l’amour-propre des altiligériens, leur département et leur préfecture n’étaient pas assez connus.

Souvent à Paris, ou ailleurs en France, lorsqu’on parlait du Puy beaucoup de  gens  pensaient qu’il était question du « Puy du fou » en Vendée.

Exagéré ? Un peu, mais pas trop. J’en ai parfois été le témoin au nord de la Loire.

Désormais cette époque est révolue.

Les paysages étonnants et magnifiques, les vierges, noire ou rouge, le chemin de Saint Jacques n’y sont (presque) pour rien. Un mouvement contestataire et jusqu’au boutiste a provoqué le coup d’éclat et la révélation. Le Puy-en-Velay est omniprésent.

Radios et télévisions sont devenus les propagandistes de ce miracle.

Plus besoin de campagnes de communication dispendieuses :

l’alliance surprenante des gilets jaunes et de l’ancien maire du Puy a fait le nécessaire :

                  un reportage sur la limitation de vitesse à 80 kms heure ? En Haute-Loire bien évidemment.

                   un autre papier sur la destruction des radars sur les routes ? même destination !

                  On veut rendre compte de la folie dévastatrice des casseurs?  Alors, bien évidemment, les images abondent sur Paris, Bordeaux, Toulouse. Mais aussi sur Le Puy, premier à l’indice de performances.

Beaucoup d’images sur les scandaleux tags sur l’Arc de Triomphe , mais tout autant, ou presque, sur l’incendie de la préfecture de la Haute-Loire.

Encore un peu et la nouvelle Révolution commençait place du Breuil !

Et la saga continue ! Le journal « Le Monde », dans son numéro daté du vendredi 1er mars, vient d’attribuer une mention spéciale au cheminement de Laurent Wauquiez, l’ancien maire du Puy.

Le titre de l’article, « Wauquiez contre l’Etat », est assez provocateur pour un potentiel candidat à la magistrature suprême.

On ne fera pas l’inventaire de tous les reproches et allusions que contient ce « papier » rédigé par l’une des grandes plumes du grand journal français de référence. On se contentera de faire le constat qui s’impose. Il s’agit d’ une mise au  point très précise, qui n’est que la conséquence d’une image assez souvent négative, dans l’opinion publique et la presse dans son ensemble.

Les Vellaves n’étaient pas habitués à cette atmosphère d’agressivité permanente. Ils étaient plutôt des modèles de discrétion et d’équilibre.

Et sur cette base, avait toujours prospéré un personnel politique où ( à l’unisson de Jacques Barrot), le centrisme, la droite modérée,  et la pondération allaient de soi.

Ce monde disparait ! Le Puy et le 43 ont ouvert leurs portes à un jeune et brillant talent venu d’ailleurs, du Nord et de Paris.

Le dynamisme efficace et l’ambition débridée sont là !

Mais pour combien de temps ?

Il ne suffit pas de changer d’uniforme de campagne : troquer la parka rouge pour le manteau sport, bleu nuit, de la marque savoyarde Arpin. C’est plus « chic », mais le gilet jaune endossé un jour de novembre collera toujours à la peau, et viendra troubler la recherche esthétique dictée par le marketing .

La communication outrancière, efficace à court terme, constitue parfois pour l’avenir un piège redoutable !