Le philosophe et l’aide-soignante

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Europe 1

Le dernier week-end sera peut-être analysé comme une étape décisive du parcours du mouvement des gilets jaunes.

         – D’abord parce qu’il a atteint l’étiage le plus faible ( 41.000 manifestants pour toute la France, soit 20.000 de moins que le nombre de spectateurs qui auront envahi ce mardi soir le Groupama Stadium de Lyon). L’’effritement est manifeste et dès lors il paraît difficile de croire que le « peuple » continue, majoritairement, de soutenir le désordre actuel.

          -Ensuite parce que les défilés maigrichons ont clairement montré une véritable décomposition et une radicalisation de plus en plus manifeste. On est très loin de l’atmosphère de fête des premières semaines, alors que semblait régner une forme d’union sacrée.

Cette apparence d’union n’était qu’une illusion. Un examen plus attentif des sondages effectués au mois de novembre aurait dû nous alerter. L’opinion publique, depuis le début était, en partie ,  influencée par le sentiment de revanche qui habitait les supporters des vaincus de la présidentielle. Peu à peu, le mouvement s’est fédéré non seulement autour des demandes d’ amélioration du niveau de vie, mais aussi autour de la haine qu’inspirait le nouveau Président, cet usurpateur selon l’expression de certains excités . Il est vrai que son arrogance avait de quoi irriter, lui qui croyait utile de parler sans langue de bois et faire ce qu’il avait annoncé !

Aujourd’hui on en est arrivé à un nouveau stade où la réalité d’une démarche totalement apolitique ne peut plus être soutenue.

Nous avons eu ces derniers jours,  au moins deux tristes  exemples de cette fâcheuse évolution :

Le premier nous a été donné par l’affaire Finkielkraut. Le moins que l’on puisse dire de cette agression raciste c’est qu’elle est aux antipodes des réclamations d’origine, basées exclusivement sur le pouvoir d’achat. A visage découvert c’ est la « politisation » la plus manifeste et la plus répugnante qui nous ait été imposée. Avec elle, les plus extrémistes des gilets jaunes se sont imposés et ont montré ce qu’ils veulent installer dans notre pays. Avec ces fous, comme le dit Bernard-Henri Lévy, nous sommes en train de passer « de Rousseau à Doriot », du siècle des Lumières à l’obscurantisme infernal de la collaboration. Désormais on peut s’attendre au pire, y compris à ce que les réseaux sociaux polluent encore plus cette affaire en faisant croire, par les « fake news », que c’est une manoeuvre du gouvernement.

Le deuxième exemple de politisation avérée , c’est celui de l’attaque en règle subie par Ingrid Levavasseur.

Qu’ils soient d’extrême-droite ou d’extrême gauche, les partis politiques ne peuvent pas supporter l’apparition d’une liste « gilets-jaune ». A elle seule, elle peut transformer un succès vraisemblable en résultat médiocre 

Désormais, les frustrés de mai (de Marine Le Pen à Jean Luc Mélenchon, en passant par Laurent Wauquiez l’homme au gilet réversible), commencent à se projeter vers la toute proche élection européenne.

La tête de liste « R I C » vient de faire les frais de ce changement. Ce n’est pas une surprise car des sondages publiés il y a quelques semaines nous avaient avertis : une liste gilets jaunes handicaperait fortement le RN et L F I .

Comment imaginer un seul instant que les partis populistes acceptent de supporter cette concurrence désastreuse, alors qu’enfin leur revanche paraît toute proche ? Pour eux, la règle est simple : les gilets jaunes on s’en sert, sans cela ils vous usent.

Leur attaque est d’autant plus efficace que le mouvement, né béatement dans les ronds-points, est en train de se déliter, que la désunion s’est installée et que, désormais la grande majorité des Français souhaite que la séquence se termine , définitivement et le plus vite possible.