De la terre à la lune

Unknown
Huffingtonpost

 

Ils ont commencé en contestant la hausse de la taxe pétrolière, nous en sommes arrivés aujourd’hui à un projet de nouvelle constitution. En somme on est passé de la Terre à la Lune !

Les gilets jaunes, pourfendeurs du pouvoir légitime et des corps intermédiaires, ont déjà beaucoup gagné dans la bataille. Mais quels enseignements pouvons nous, dès à présent, retirer de cette crise qui n’est pas encore finie ?

On peut, parmi beaucoup d’autres, en distinguer au moins  deux.

        Le premier c’est que tous les gouvernants , d’hier et d’aujourd’hui, n’ont pas perçu, dans son amplitude, l’érosion du pouvoir d’achat des Français.

Les sondages étaient d’ailleurs trompeurs, puisque 8 Français sur 10 jugeaient paradoxalement, il y a encore quelques mois , que leur propre situation ( mais pas celle de l’ensemble des foyers) était bonne.

Or la réalité était souvent différente, en particulier pour les classes moyennes et les bas revenus. En effet pour ces derniers, les salaires et les avantages sociaux ( pourtant parmi les plus avantageux du monde) ne permettent plus de satisfaire un besoin de consommation de plus en plus élevé et diversifié.

On l’oublie, mais notre consommation a profondément changé ces dernières années. Des types de dépenses nouvelles et particulièrement onéreuses ont vu le jour, et elles sont désormais considérés comme tout à fait indispensables.

Exemple frappant de cette surcharge  : on le trouve dans les dépenses d’équipements et de fonctionnement liées à l’informatique domestique et à Internet.

Alors qu’en 20 ans, la dépense totale de la consommation a augmenté de plus de 40%, elle a été, en matière d’économie de l’information, multipliée, par près de 6 fois. L’explosion!

En faisant l’impasse sur ce bouleversement des nouveaux besoins journaliers, on s’est trop souvent et largement déconnecté de la réalité du pouvoir d’achat.

Deuxième enseignement : la stratégie macronienne du « et en même temps » n’a pas été respectée.

Alors que l’ on a très vite supprimé l’ISF, on a attendu de longs mois avant de commencer, par étapes, à supprimer la Taxe d’habitation.

Cet oubli a eu de très graves effets psychologiques négatifs sur la majorité des Français.

Ce trouble a été utilisé  par les gilets jaunes.

Les nouveaux avantages accordés il y a 10 jours ne suffiront pas à calmer les Français, qui détestent mais envient plus que tout, la réussite financière. Cette culture profondément incluse dans notre inconscient national ne nous prépare pas à affronter les préceptes de l’économie dominante dans le monde entier. On peut le regretter mais, dans notre pays c’est ainsi, depuis toujours !

Que faire ? Quelle compensation ?

Les solutions ne sont pas légions.

Réinstaller l’I S F ? C’est poser sur notre économie un boulet qui pendant des dizaines d’années a fait la démonstration de sa  nocivité.

En fait, il faut aller vite sans paraître se déjuger.

Deux actions, parmi d’autres, sont possibles :

La première consiste à établir un Emprunt d’Etat consacré aux dépenses d’investissements en faveur de l’écologie ( objectif bien oublié depuis la suppression des augmentations de taxe sur le carburant). Cet emprunt serait réservé aux anciens redevables de l’ISF, il ne générerait aucun intérêt, serait remboursable sur une longue durée, dix ans minimum.

Avec la deuxième action, il ne s’agirait plus d’un emprunt au sens strict. Les personnes concernées pourraient, sous contrôle de Bercy, investir directement dans des entreprises « écologiques » dont la liste aurait été déterminée par le Ministère. Ces investissements obligatoires pris aux risques et périls des anciens contribuables ISF auraient un double avantage : respecter les objectifs écologiques, mais au surplus éviter d’alourdir la monstrueuse dette de l’Etat.

.Quelles pourraient être les conséquences de telles initiatives ?

En cas d’échec cela conforterait l’opposition des  gilets jaunes vis à vis des « riches », mais elle est déjà bien affirmée. Les anciens  » ISF »apporteraient la démonstration qu’il est quasiment impossible de faire avancer un pays dans lequel les élites se calfeutrent derrière leur égoïsme.

Mais en cas de réussite, c’est à dire d’ investissements importants en faveur de l’écologie c’est une toute autre histoire qui se mettrait en marche. La surprise se transformerait en espoir d’union nationale  renforcée. Enfin, ce succès donnerait une toute autre image que celle que nous affichons actuellement à travers le monde.