
Presque 50 ans pour ne rien faire. C’est en somme le résumé provocateur du feuilleton de Notre Dame des Landes, devenue au fil du temps Notre Dame des embrouilles.
Le dossier nous a été donné en héritage par la France des « Tente Glorieuses » ; cette France qui aménage son territoire s’ouvrait à toutes les aventures. Au fil du temps les choses se sont révélées beaucoup plus complexes qu’annoncées. L’Etat est freiné dans son bon plaisir ; les dossiers initialement techniques deviennent au fil du temps éminemment politiques.
L’ultime rapport d’expert qui vient d’être présenté, permet, enfin, d’avoir tous les éléments du dossier.
Techniquement on sort du sectarisme. Ce n’est plus NDDL (Notre Dame des Landes) ou rien, c’est désormais, en plus du projet en cause, l’examen sérieux et publique de véritables solutions alternatives. Ces dernières existent aujourd’hui, alors qu’hier elles n’étaient pas évidentes. La situation s’est modifiée.
C’est ainsi par exemple que l’accroissement exponentiel du nombre des passagers qui était à la base de la création de NDDL est contrebalancé par l’augmentation spectaculaire de « l’emport » des avions. Dans le même sens, une autre évolution a eu lieu : l’ énorme croissance prévue du trafic aérien intérieur est désormais freiné par la montée en puissance des transports autoroutiers, mais surtout par la primauté du rail et de son TGV.
Compte tenu entre autres de ces premiers éléments, le maintien et l’adaptation de Nantes -Bouguenais devient une formule qui mérite grandement l’attention. Et ceci d’autant plus que les projections financières de son adaptation semblent nettement plus intéressantes que celles qu’entrainerait la création d’un nouvel aéroport à NDDL.
En définitive le dossier ( malgré des précisions assez partiales de la Direction Générale de l’Aviation Civile) est beaucoup moins fermé qu’initialement prévu. C’est sans doute la grande qualité de ce rapport qui a le mérite de faire cesser le manichéisme de rigueur dans cette affaire ; que ce soit dans le camp des pro- aéroport ou dans celui des anti- aéroport.
Reste le plus délicat et décisif : l’impact politique.
Ce dossier est l’exemple caricatural des forces et fragilités de notre Etat.
Tentaculaire, aveugle, lourd et trop technocratique, celui-ci est quelquefois d’une insigne faiblesse. Parfois pris comme en otage par des minorités « grande-gueule », il cède honteusement sans plus se soucier de l’intérêt général. On l’a vu par exemple avec l’épisode lamentable des portiques de la fameuse éco-taxe.
Dans le cas de « Notre Dame des embrouilles », le « tout ou rien » qui dominait jusqu’alors nous conduisait tout droit au même type de catastrophe. L’ouverture, la respiration que vient de générer le rapport d’experts redonne en réalité l’initiative aux politiques et très précisément au Gouvernement et au Président.
Ce dernier peut désormais faire un choix rationnel , il peut sortir du piège par le haut.
S’il en a le courage, il peut être en mesure de l’imposer à toutes les parties, car les Français sont saturés de ces discussions et atermoiements sans fin.
Mais cette décision libératrice passe avant tout par l’exclusion des Zadistes de la zone occupée. Ces contestataires étaient le problème infranchissable, désormais ils sont la solution.
Parce que leur exclusion aura été décidée et réalisée, elle aura redonné le pouvoir à l’exécutif quel que soit le choix retenu.
C’est si vrai que cette exclusion doit avoir lieu rapidement et en tous cas préalablement avant l’annonce du choix présidentiel de fin janvier.
Beaucoup d’analystes pensaient qu’Emmanuel Macron avait tout à perdre dans ce piège. Ce n’est pas du tout certain. Il peut même à cette occasion démontrer aux Français qu’il a les qualités qu’ils attendent de leur Président depuis de nombreuses années : discernement de l’intérêt général et le courage de l’imposer.