Histoire d’eaux

Assises_mer Envahis chaque jour par des informations politiciennes de court terme
nous ne nous préoccupons pas de l’essentiel.
 En somme, nous débattons à plaisir du sexe des anges, nous nous regardons le nombril et nous oublions ce qui est important, ce qui est stratégique pour l’avenir de notre pays.
              À l’opposé de ces habitudes, s’est tenue la semaine dernière la réunion annuelle des « Assises de la Mer ».
Le sujet est vital pour notre Economie. Malgré cela les médias se sont montrés d’une spectaculaire discrétion sur ces rencontres.
C’est tout à fait incompréhensible si l’on prend en considération le fait que la France possède la plus grande façade maritime de l’Europe et qu’il s’agit en réalité d’un territoire supplémentaire qui vient renforcer l’Hexagone.
 Mais les médias ne sont pas les seuls coupables, les Français eux-mêmes méritent la critique. Autocentrés, nous nous replions sur nous même, alors que la mondialisation se développe à grande vitesse. Elle nous impose en toute logique que nous portions une grande attention à l’avenir de nos ports.
Il n’en est rien et cela ne date pas d’aujourd’hui !
On peut même dire qu’en ce début du 21e siècle, cela empire.
Nous retardons les investissements nécessaires dans l’enceinte portuaire et de plus nous faisons de même dans les zones adjacentes et aussi en amont dans les équipements routiers et ferroviaires pourtant plus qu’indispensables dans le transport des marchandises venues, ou à destination, du reste du monde.
Trois exemples parmi d’autres de cette incompréhensible lenteur.
            Le premier : l’autoroute A 13 a permis de desservir, à quelques kilomètres près, Deauville bien des années, avant qu’une de ses bretelles fasse la jonction avec le Port du Havre qui est pourtant devenu le premier port français pour les conteneurs.
Pour la satisfaction des « bobos » parisiens, on a sacrifié l’économie réelle et déclassé notre trésor maritime.
            Deuxième exemple : la ligne SNCF reliant Le Havre et la région parisienne et le reste de la France demeure assez proche du tortillard de la belle époque.
          Troisième exemple : alors que le port du Havre a été agrandi il y a près de 20 ans par des quais spécifiquement réservés aux gigantesques porte-conteneurs, il n’y a toujours pas des équipements permettant un transfert facile et rapide vers d’autres bateaux qui remontent la Seine pour desservir l’intérieur du pays
À ces données techniques s’ajoutent des relations sociales caractérisées par la volonté de préserver un statut des dockers qui, s’il a été  justifié il y a encore 50 ans, est devenu un exemple d’inadaptation à l’économie moderne.
Ces lenteurs, ces choix incompréhensibles, ces manques de hardiesse stratégiques perdurent. Ils ne sont pas toujours perçus par les citoyens de base qui, dans leur majorité, continuent à voir dans la mer, un lieu de distraction estivale et non un élément essentiel à notre développement économique.
 Il ne faut pas, dans ces conditions, s’étonner qu’Anvers soit peu à peu devenu le premier port français.
 C’est ce qui s’appelle un épouvantable gâchis. Il est peut-être temps que l’État prenne le problème à bras le corps.
C’est, semble-t-il, ce qu’au cours des Assises de la mer a déclaré le Premier ministre. Il se donne 5 ans pour sortir de cette situation. Pour lui, « que ce soit hier avec une boussole ou aujourd’hui avec un GPS », la mondialisation commence et finit toujours dans un port ».