Les Anciens

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Le Point

La côte d’ Emmanuel Macron chute, alors que trois mois seulement se sont écoulés depuis son élection.
Question : ce fléchissement est-il dû à son manque d’adéquation à ses nouvelles responsabilités, comme ce fut le cas pour François Hollande ?
Certainement pas, c’est même souvent le contraire qui lui est reproché, lui que l’on soupçonne de se prendre pour Jupiter.

En réalité les Français sont surpris par la rapidité avec laquelle les réformes promises sont engagées. Notre histoire récente est en effet avare d’exemples similaires : ainsi de Gaulle et Mendès-France pour la rigueur, François Mitterrand pour la dépense. Seuls ou presque, ils ont fait vite ce qu’ils avaient dit et promis avant d’arriver au pouvoir.

 

Aujourd’hui c’est à une forme de querelle entre les Anciens et les Modernes à laquelle nous nous assistons.

Les Anciens c’est pour l’essentiel le camp de la CGT et de la France Insoumise.

Le syndicat de Philippe Martinez réagit, suivant ses pauvres habitudes, comme si le monde n’avait pas profondément changé depuis quelques années.
Alors que la plupart des autres syndicats comprennent l’absolue nécessité de s’adapter aux dures réalités de l’économie mondialisée,la CGT, elle, demeure formatée par le syndicalisme du milieu du siècle dernier.

De son côté Jean-Luc Mélenchon et ses troupes se veulent à l’avant-garde du mouvement protestataire comme les trotskistes l’étaient il y a un siècle.
Leur seule originalité c’est avoir remplacé la révolution prolétarienne par la révolution bolivarienne.
Une galéjade ! qui les place sur le devant de la scène, mais ne cache pas l’absence de propositions sérieuses de leur part.

Ces vieux idéologues peuvent-ils gagner la bataille qu’ils ont décidé de lancer?
Leurs chances de vaincre sont certes réelles mais minces. Et ceci pour au moins deux raisons :
D’abord ils sous-estiment le Président, comme les adversaires d’Emmanuel Macron l’ont fait pendant la campagne présidentielle . Désormais ce sera plus difficile de l’emporter, car ils n’ont plus en face d’eux les pauvres rodomontades de Nicolas Sarkozy ou les tergiversations continuelles de François Hollande.

Ensuite , deuxième raison de leur éventuelle défaite : ils ne peuvent s’appuyer que sur le pouvoir de la rue. La CGT minore l’importance de la concertation préalable tout à fait exceptionnelle qui a eu lieu, elle utilise les éternelles vieilles ficelles des conservatismes et des statuts. Elle veut un retour vers le passé qui est impossible pour la raison élémentaire que nos concurrents vont continuer à nous prendre des parts de marché si nous continuons à rester enfermés dans nos habitudes d’un autre temps.

« La France Insoumise », elle, croit au miracle du verbe de son leader et oublie de proposer la moindre réforme sérieuse. Qu’attendre en effet d’une organisation qui se veut insoumise, mais subit sans honte les dérives scandaleuses d’un chef qui ce matin encore sur BFM-TV regrettait que la presse française ne qualifie pas du terme de dictateur Angela Merkel ou Bernard Cazeneuve, alors qu’elle le fait sans cesse pour Maduro !

 

Face au blocage et au parti-pris jusqu’au-boutiste de ces Anciens, demeurent les résultats récents du suffrage universel qui a porté démocratiquement au pouvoir un homme, qui ne fait jamais qu’appliquer très vite ce qu’il avait promis aux Français qui l’ont élu pour cela.
En somme les Anciens nient les résultats du scrutin, alors que pourtant le Président ne fait que gouverner, légitimement !

Si ce dernier recule les semaines prochaines, c’est tout son quinquennat qui sera gravement touché. Et beaucoup plus grave, la France passera une fois encore à coté de l’indispensable réorganisation de son économie. Alors que pourtant « il est minuit, docteur Macron ».
Dans ces conditions, pour enfin agir, l’impopularité n’est pas forcément un handicap, c’est même une force car, comme ose le dire le philosophe Raphael Entoven « l’impopularité débarrasse du souci de plaire »